Introduction
Durant les dernières décennies, le rôle
joué par l’armée suisse dans le maintien de la neutralité du pays durant la
deuxième guerre mondiale a été l’objet d’une nécessaire remise en question. Les travaux de différents historiens, puis
ceux de la commission Bergier, ont détaillé de manière approfondie les
mécanismes de collaboration économique entre les puissances de l’Axe et la
Confédération. Ceux-ci ont, de facto,
eu pour effet de casser le mythe entretenu durant les années qui suivirent la
guerre, celui d’une Suisse héroïque parvenue à dissuader une invasion allemande
uniquement grâce aux vertus martiales de son armée et de sa population.
Malheureusement, le débat historique fut
bien vite réduit à de stériles postures politiques, abondamment reprises par
les médias. Cette situation a généré le déni réciproque des éléments amenés par « l’autre camp ». On a ainsi vu le rapport Bergier voué aux
gémonies dans des écrits qui n’amenaient pourtant pas réellement de
contradiction factuelle, et dans le même temps, une institution entière,
l’armée, réduite à l’état de cache-sexe
des financiers et industriels suisses.
Si l’on part du principe qu’un événement historique ne s’explique que
rarement par un seul facteur, mais plutôt par un enchevêtrement de causes
variées, et que, donc, des perspectives
différentes ne sont pas forcément antagonistes, mais peuvent être aussi
complémentaires, on ne peut que regretter cette situation. Au lieu de faire
progresser le débat historique, le risque existe de substituer un mythe à un
autre ; de l’héroïque armée qui fit reculer Hitler, on passerait à celle
abandonnant sciemment la population aux nazis en cas d’invasion dans le seul
but d’alimenter en main d’œuvre les usines exportant des armes vers
l’Allemagne.
De nos jours, la connaissance de la chose
militaire est devenue superflue aux yeux de beaucoup. Depuis la chute du mur de
Berlin, le risque que l’Europe soit victime d’une nouvelle guerre
conventionnelle est devenu insignifiant. Nous faisons parties de générations
bénies qui n’ont plus de raisons pressantes de s’intéresser aux choses de la
guerre parce que celle-ci ne peut plus, à priori, réellement nous frapper. Mais, tenter de juger les choix de l’armée
entre 1939 et 1945 ne peut se faire sans les replacer aussi dans une perspective
militaire. Or, il faut bien admettre que certains tenants de l’ histoire
critique s’affranchissent allégrement de cette contrainte. Cet article tente donc d’évaluer la stratégie
du réduit dans une perspective limitée strictement au plan militaire. Il
n’essaie donc pas de trancher le nœud gordien que représenterait la
détermination d’une cause unique ayant permis à la Suisse d’être épargnée par
le conflit armé le plus meurtrier du XXIème siècle, mais tente plus
simplement de contribuer à ce vieux débat en présentant quelques éléments qui,
bien que déjà connus, méritent sans doute d’être rappelés, à savoir le contexte
militaire dans lequel la décision de mettre en place le réduit à été prise. Par contre, il n’est pas fait mention des
plans allemands, ni de leur évaluation
de l’armée suisse, dans la mesure où les dirigeants helvétiques n’en avaient
pas connaissance au moment où le réduit fut mis en place. Enfin, les aspects liés au moral de la troupe
ne sont pas mentionnés, en partie parce que le sujet est complexe, et en partie
parce la notion de « moral » telle qu’elle était comprise dans les
années 40 a été fortement relativisée par la recherche en histoire militaire
depuis la fin de la guerre.
Adrien
Fontanellaz, octobre 2011
I. La stratégie suisse
de septembre 1939 à mai 1940
Dès la mobilisation, en septembre 1939, les
trois corps d’armée que comptait alors
l’armée suisse furent déployés afin de couvrir l’ensemble du territoire national,
l’état-major gardant deux divisions en réserve. Moins d’un mois plus tard, le
dispositif changea complètement, et l’armée se redéploya le long de la ligne de
la Limmat. Ce changement indiquait clairement que, pour l’état-major suisse, le
IIIème Reich était la menace principale.
Pour expliquer ce repositionnement des
troupes confédérées, il convient de revenir brièvement sur la situation
stratégique durant la « drôle de guerre ». La France avait fait le
choix de la défensive. Sur le long terme, le temps jouait en effet en faveur
des Alliés ; l’Allemagne ayant débuté son réarmement plus tôt, elle
bénéficiait d’un avantage militaire transitoire qu’elle devait mettre à profit
pour vaincre les Alliés rapidement, avant que les atouts économiques de ceux-ci
ne fassent peser la balance trop lourdement en leur faveur.
Une offensive majeure de la Wehrmacht contre la France était donc très
probable, d’autant plus que la doctrine allemande prônait la recherche de la
victoire par l’anéantissement des forces ennemies en une campagne décisive. La France avait consenti, dans la première
moitié des années trente, à d’énormes investissements dans la construction de
la ligne Maginot, une série de fortifications couvrant sa frontière avec
l’Allemagne. En cas d’offensive, la Heer avait un intérêt évident à éviter
celle-ci en la contournant ; une attaque frontale risquait en effet de
dégénérer en bataille d’attrition.
L’armée allemande avait deux possibilités pour déborder la ligne
Maginot ; par le Nord en traversant la Belgique ou par le Sud en passant
par la Suisse, avant de déboucher sur les arrières des fortifications
françaises. Les deux cas impliquaient le viol de la neutralité d’un état.
L’ordre d’opération 4 ; la
tracé rouge correspond à la Limmatstellung
(carte disponible sur www.schweiz1940.ch)
C’est
donc pour parer à cette éventualité que le gros de l’armée suisse fut déployé
le long de la Limmatstellung, qui partait
du plateau du Gempen dans le Jura, traversait l’Aare, suivait ensuite le cours
de la Limmat, puis s’appuyait successivement sur les rives du lac de de Zürich,
du canal de la Linth, du lac de Walenstadt, avant de s’ancrer dans le complexe
fortifié de Sargan dans le canton de St-Gall .
Faute d’effectifs suffisants l’armée renonçait donc à tenir fermement la
partie de la Suisse orientale située entre la frontière et la Limmatstellung. Cet espace était cependant défendu par des brigades de frontière, appuyés par des détachements
de démolition et des unités territoriales, chargés de gagner le temps nécessaire
pour permettre au gros de l’armée d être mobilisé et de rejoindre ses
positions.
Après la création d’un corps d’armée
supplémentaire le 1er janvier 1940 pour encadrer des unités alors
directement placées sous les ordres de l’état-major général, la position Limmat
était défendue par les 2ème, 3ème et 4ème
corps d’armée et la division ad hoc
Gempen qui couvrait Bâle avec la brigade frontière 3. Ces trois corps
incluaient sept divisions, trois brigades légères, six brigades frontière et
une brigade de montagne. Chaque division devait en moyenne tenir un front de
dix kilomètres.
Le 1er corps, chargé de la
défense des Alpes face à l’Italie, comprenait une division et deux brigades de
montagne ainsi qu’une brigade de frontière. Enfin, une autre division ad hoc, Morat, couvrait le Jura avec les
Brigades frontière 11 et 12. La seule réserve d’importance dont l’état-major disposait
était la division d’infanterie 2, stationnée dans la région de Bienne. Cette
absence de réserves constituait un danger en cas de percée de la Limmatstellung, comme l’illustre le
tableau A.
A.
Répartition des grandes unités de
l’armée en avril 1940
Limmatstellung
|
Reste
du pays
|
Total
|
|
Brigades
|
10
|
5
|
15
|
Divisions
|
7
|
2
|
9
|
Compilé selon données disponibles
sur www.schweiz1940.ch
L’état-major général suisse était
conscient de cette faiblesse. Depuis plusieurs années, des contacts informels
avaient lieu entre officiers suisses et français portant sur la possibilité
d’acheminer des troupes françaises en renfort en cas d’attaque allemande. Cette
hypothèse reposait sur des intérêts convergents ; les militaires suisses
considéraient leur capacité à repousser une offensive allemande comme limitée,
alors que leurs homologues français reconnaissaient le besoin vital de
sécuriser le flanc sud de la ligne Maginot. Pour eux, aider la Confédération à
stopper les Allemands sur la Limmatstellung
demanderait moins d’effectifs que de défendre l’ensemble de la frontière entre
les deux pays dans le cas où la Wehrmacht
parviendrait à percer le dispositif suisse. Après la déclaration de guerre, ces
contacts informels évoluèrent en une planification opérationnelle beaucoup plus
précise. En avril 1940, le VIIème
corps d’armée français fut chargé d’occuper le plateau de Gempen si les Suisses
en faisaient la demande. Il disposait à cet effet de deux divisions
d’infanterie et d’une brigade motorisée. Ces unités devaient permettre de
protéger l’acheminement du « lot suisse » ; l’ensemble des troupes françaises devant
entrer dans le pays en cas d’attaque allemande.
II. Le coup de
faucille
La situation stratégique de la Suisse
allait se trouver radicalement altérée par la grande offensive allemande de mai
1940. Dans un premier temps, le groupe
d’armée B de la Wehrmacht, simulant
une réédition du plan Schlieffen de 1914, attaqua la Belgique et les Pays-Bas.
Cette manœuvre correspondait aux prévisions des états-majors alliés. Les meilleurs
formations françaises entrèrent donc en
Belgique pour stopper les Allemands. Il ne s’agissait cependant que d’une
diversion masquant l’axe de l’attaque principale. Simultanément, et pour
accroître la confusion chez l’adversaire, la 7ème armée allemande,
qui, avec quatre divisions, couvrait le secteur entre Karlsruhe et la frontière
suisse simulait les préparatifs d’une attaque contre la Confédération à l’aide
de faux mouvements ferroviaires, d’ états-majors fictifs, de déplacements de troupes en vue des
sentinelles helvétiques et à la diffusion la nuit par haut-parleurs
d’enregistrements de bruits de colonnes blindées. En Suisse, la mobilisation générale fut
décrétée le 11 mai 1940.
Le rideau se leva quant, le 12 mai, sept Panzerdivisionen et trois divisions
mécanisées commencèrent à déboucher du massif des Ardennes face à Sedan. Le 13
mai, les troupes allemandes, appuyées
par une attaque massive de la Luftwaffe,
réussirent à franchir la Meuse et à percer le front français défendu par des formations
de second ordre. Les blindés
s’élancèrent ensuite en direction des côtes de la Manche, et arrivèrent le 24
mai à quinze kilomètres de Dunkerque, sans que les contre-attaques françaises
et britanniques désordonnées ne soient parvenues à entraver leur
progression. La meilleure partie des
armées alliées se trouvait encerclée.
Après la prise de Dunkerque onze jours
plus tard, la Wehrmacht entra dans la
deuxième phase des opérations et attaqua la ligne Somme-Aisne hâtivement
établie par le général Weygand. L’armée française
avait changé de tactique et abandonné son ancienne défense linéaire et
statique. Les unités françaises se formaient en «hérissons » échelonnés en profondeur dans
les localités et les petits bois. Les
Allemands parvinrent finalement à percer ce dispositif après de très violents
combats et au prix de lourdes pertes. Le 10 juin, l’Italie entrait dans le
conflit, et le 17, le XIXe Korps motorisé
du général Guderian atteignait la frontière suisse, scellant l’encerclement des
troupes françaises chargées de la protection de la ligne Maginot. L’armistice
fut signé le 22 juin 1940. L’ armée considérée comme la meilleure du
monde avait été vaincue en moins de deux mois, entraînant dans sa chute les piliers
sur lesquels s’appuyait la stratégie militaire helvétique.
III. L’armée suisse en
1940
Ordre de bataille
Le
commandement suisse dut faire face à cette situation en tenant compte de l’évolution
de la guerre et des armées y prenant part, mais devait aussi prendre en
considération les caractéristiques de l’outil dont il disposait. C’est pourquoi
une brève description de l’armée dans les mois précédents le choc de mai 1940 s’avère
nécessaire. Le tableau B indique le
nombre d’unités de l’armée par type.
A.
Ordre de bataille de l’armée par
types d’unités
Brigades
frontière
|
9
|
Brigades
légères
|
3
|
Brigades
de montagne
|
3
|
Divisions
d’infanterie
|
6
|
Divisions
de montagne
|
3
|
Compilé selon données disponibles
sur www.schweiz1940.ch
Le système de milice propre à la Suisse
permettait au pays de lever rapidement une armée d’une taille importante. Mobilisée, elle comptait environ 630'000
hommes, dont un tiers était affecté aux services. Cela représentait près de 15
% de la population du pays. La totalité des troupes ne pouvait, de ce fait, pas rester sur un pied de guerre
longtemps, car l’économie se trouvait rapidement affectée par une pénurie sévère
de main d’œuvre. Neuf brigades frontières étaient donc chargées de gagner le
temps nécessaires à la mise en place du reste de l’armée en cas d’attaque. Les 24 tanks dont disposait l’armée étaient
répartis dans les trois brigades légères. Outre les unités mentionnées dans le
tableau B, l’armée pouvait compter sur des troupes territoriales, organisées en
bataillons et en régiments autonomes. Comme
dans la plupart des pays occidentaux, ces formations tendaient à être
structurées sur une base ternaire ; trois compagnies constituaient un
bataillon, trois bataillons formaient un régiment, et trois régiments une
division. Aucune grande unité de l’armée n’était intégralement motorisée, ce
qui réduisait leur vitesse de déplacement à celle des chevaux utilisés pour
tracter les pièces d’artillerie. Enfin,
il convient d’ajouter à l’ordre de bataille helvétique les garnisons des ensembles
fortifiés du pays, concentrés principalement
dans les zones de Sargans, du Gothard et de St-Maurice.
Le réarmement
Dans le années vingt, le pacifisme
universel résultant des massacres de la Première Guerre mondiale et l’absence
de tensions graves sur la scène européenne causèrent une diminution
considérable des budgets attribués à la défense. Sous-financée, l’armée vécut en partie sur les
stocks accumulés durant les années de guerre. La situation évolua radicalement
dans les années trente, avec la montée des périls liée à l’avènement de Hitler
en Allemagne et les postures de plus en plus belliqueuses adoptées par le
régime fasciste italien, et des sommes importantes furent allouées au
rééquipement de la troupe. Mais les fonds disponibles n’étaient pas le seul
obstacle au processus de réarmement. Il fallait d’abord compter sur un délai de
plusieurs années entre la sélection d’une arme et sa mise en service. Le contexte politique international avait lui aussi
un impact sur les achats d’ armements à l’étranger. Ainsi, seuls 24 des 300
chars commandés en Tchécoslovaquie purent
être livrés, à cause de la crise des Sudètes et de ses conséquences. D’autre
part, plus la probabilité d’une guerre
généralisée augmentait, et plus les états étaient réticents à exporter des équipements
dont ils avaient besoin pour leurs propre armées. Les résultats de l’effort suisse ne furent
pourtant pas négligeables ; 830 exemplaires du canon d’infanterie de 47 mm
furent ainsi introduits auprès de la troupe entre 1931 et 1939.
L’infanterie
Avec une dotation de douze
fusils-mitrailleurs par compagnie, l’infanterie disposait d’une puissance de
feu comparable à celle que l’on pouvait trouver dans les armées étrangères. Les
compagnies d’infanterie d’un bataillon bénéficiaient du support des seize
mitrailleuses lourdes et des quatre lances-mines de 80 mm de la compagnie d’appui.
Celle-ci incluait également deux canons de 47 mm, capables de tirer des obus antipersonnels
ou anti-chars. Ceux-ci représentaient une menace mortelle pour la plupart des
tanks en service dans le monde en 1940. Afin de mettre ces chiffres en
perspective, le tableau C compare les dotations d’un régiment d’infanterie
suisse avec le régiment d’infanterie motorisé Grossdeutschland , un régiment d’infanterie d’active français
et un régiment d’infanterie italien. Le régiment Grossdeutschland était doté en sus de six canons d’assauts
automoteurs, mais cela restait exceptionnel dans la Wehrmacht. Les Suisses, les Français et les Italiens n’avaient par
contre pas d’équivalent aux dix obusiers du régiment allemand. Globalement, l’unité suisse disposait d’une
puissance de feu comparable à ses homologues étrangères, bien que l’image
donnée par ce tableau soit incomplète car il ne tient pas compte de l’appui-feu que pouvait apporter le
régiment d’artillerie divisionnaire.
B.
Dotations régimentaires en armes
d’appui
|
Régiment
suisse
|
Régiment
Grossdeutschland
|
Régiment
français
|
Régiment
italien
|
Mitrailleuses
lourdes
|
48
|
36
|
48
|
24
|
Mortiers légers
(lance-mines) de 45 à 60 mm
|
|
27
|
9
|
54
|
Mortiers moyens (lance-mines) de 81 mm
|
12
|
18
|
8
|
6
|
Canons d’infanterie/anti-char,
de 25 à 65 mm
|
6
|
12
|
12
|
4
|
Obusiers
de 75 mm
|
|
6
|
|
|
Obusiers
de 150 mm
|
|
4
|
|
|
Compilé
selon données disponibles sur www.schweiz1940.ch,
enpointe.perso.infonie.fr, Green
Jack, Massignani Alessandro et Blennemann Ulrich, Mare Nostrum :The War in the Mediterranean, Jack Green, 1990 et Frieser Karl-Heinz, le mythe de la guerre-éclair, Belin,
2003.
L’artillerie
Au 31 août 1939, l’artillerie de campagne helvétique
comptait 935 pièces de calibre égal ou supérieur à 75 mm. La conception de la plupart d’entre elles
était antérieure au premier conflit mondial, et même si elle firent l’objet de
modernisations, leurs performances restaient inférieures à des modèles plus
lourds et plus récents, comme le canon de 105 mm dont
84 exemplaires avaient été pris en compte par l’armée. La Suisse n’était pas un cas isolé en la
matière; les parcs d’artillerie français et italiens comptaient aussi
d’immenses stocks de canons entrés en services durant les vingt premières
années du siècle. Par contre, la Wehrmacht se démarquait car elle avait
dû reconstituer son artillerie ex-nihilo
depuis le début des années trente, à cause des clauses du traité de Versailles
qui restreignirent drastiquement la taille des ses arsenaux tout au long des
années vingt. Ses canons étaient en moyenne d’un calibre supérieure et plus
récents que ceux des autres armées. Le
tableau D illustre les dotations de l’artillerie d’une division d’infanterie « modèle »
dans les différentes armées.
A.
Artillerie divisionnaire
|
Division
suisse
|
Division
allemande
|
Division
française
|
Division
italienne
|
Canons ou obusiers de
75 mm
|
36
|
|
36
|
24
|
Canons
ou obusiers de 100 à 105 mm
|
8
|
36
|
|
12
|
Canons
ou obusiers de 150 à 155 mm
|
|
12
|
24
|
|
Total
|
44
|
48
|
60
|
36
|
Compilé selon données disponibles
sur www.schweiz1940.ch, enpointe.perso.infonie.fr et
niehorster.orbat.com
Ces canons étaient concentrés dans un
régiment d’artillerie inclu dans l’organigramme divisionnaire, à l’exception
des divisions françaises qui en comptaient deux. Enfin, une division italienne n’avait
que sept bataillons d’infanterie au lieu de neuf dans les autres pays ; le
nombre de canons par fantassin n’était donc pas aussi défavorable que le
tableau D ne le laisserait supposer. Enfin, dans toutes ces armées, des unités
d’artillerie autonomes étaient attachées aux corps d’armée, qui pouvaient les
allouer à une division si le besoin s’en faisait sentir. En conclusion, l’armée suisse disposait d’une
artillerie, qui, bien que légèrement inférieure à celle des autres armées européennes,
restait respectable.
La défense
anti-aérienne
A la mobilisation du 1er
septembre 1939, les déficiences en
matière de défense anti-aérienne étaient abyssales ; l’armée alignait en
tout et pour tout sept canons de 75 mm et vingt-quatre canons de 20 mm. La situation s’améliora durant la « drôle
de guerre » car, à la fin du mois de mai 1940, la DCA helvétique
comprenait une quinzaine de batteries légères, avec une dotation théorique de
douze canons de 20 mm chacune, et six batteries lourdes (à six tubes de 76 mm
par batterie). Enfin, de nouvelles pièces de 34 mm commençaient à entrer en
service. Malgré cette montée en
puissance, les effectifs disponibles restaient totalement insuffisants ; concentrés,
ils n’auraient permis de défendre convenablement que quelques points précis
alors que leur dispersion aurait drastiquement réduit leur efficacité. En effet, avant l’avènement des conduites de
tir guidées par radar, il fallait tirer des milliers de projectiles pour
détruire un avion.
L’aviation
Début mai 1940, l’aviation suisse comptait
vingt-et-une compagnies d’aviation opérant depuis une douzaine d’aéroports.
Celles-ci étaient réparties en douze compagnies de chasse et neuf compagnies de
reconnaissance et de bombardement léger. Approximativement un tiers des 286 avions
de combat de l’armée était consigné dans des dépôts, le solde étant répartis au
sein des compagnies d’aviation.
La chasse était correctement équipée ;
la moitié de ses compagnies alignait des Me-109E qui étaient alors le meilleur appareil en Europe avec les
Spitfires anglais. Douze exemplaires d’une version plus ancienne et bien moins
performante, le Me-109D, étaient aussi présents. Enfin, des Morane-Saulnier 406
français, fabriqués sous licence en Suisse et rebaptisés D-3800, complétaient
les inventaires. Ces derniers, bien qu’inférieurs aux Me-109E, restaient des adversaires
respectables. En comparaison, les neuf compagnies d’aviation de reconnaissance
et de bombardement léger faisaient figure de parents pauvres ; leurs
pilotes volaient sur des Dewoitine D-27 et des C-35, tous deux obsolètes.
Doctrine
Les ordres de bataille et les armements ne
suffisent pas à caractériser une armée. Idéalement, ils ne sont que des outils
conçus pour mettre en œuvre une stratégie, dont découle une doctrine d’emploi. Par défaut, la stratégie suisse restait
simple ; si elle subissait une agression armée, la Confédération était
instantanément libérée de toute obligation liée à son statut de puissance
neutre, et pouvait de ce fait passer des alliances militaires. L’armée avait
donc pour mission de défendre seule le pays suffisamment longtemps pour
permettre à ses nouveaux alliés de se porter à son secours. Les négociations secrètes entre états-majors
suisses et français durant les premiers mois de la guerre avaient ainsi pour
objectif principal de limiter au maximum la période durant laquelle l’armée helvétique
devrait combattre seule. La vocation de cette dernière était donc avant tout
défensive.
En septembre 1939, l’armée suisse n’avait
pas de doctrine unifiée. D’une part, parce
que son système de milice favorisait une certaine liberté parmi les cadres,
mais surtout, parce que l’entre-deux-guerres fut une période de mutations
doctrinales, tactiques et technologiques.
Il était extrêmement difficile de trier le bon grain de l’ivraie dans les concepts qui émergeaient alors. Par
ailleurs, même après les avoir identifiés, encore aurait-il fallu pouvoir les
concrétiser en une doctrine d’emploi praticable. Paradoxalement, même les
institutions militaires à l’origine de ces révolutions peinaient souvent à
comprendre totalement les caractéristiques de leurs créations. Le haut-commandement
allemand chercha par exemple à freiner l’élan des Panzerdivisionen plusieurs fois durant la campagne de France. Contrairement aux idées reçues, les militaires
des années trente n’étaient pas en retard d’une guerre, mais ignoraient la
forme que prendrait la suivante.
En novembre 1939, un nouveau manuel fut diffusé dans l'armée suisse; les
« Instructions sur la conduite du
combat défensif ». Celui-ci définissait une doctrine défensive qui
tentait de prendre en compte les enseignements révélés par la campagne de
Pologne. Le principe de la défense en
profondeur était préconisé, avec l’échelonnement du dispositif en trois zones. La
première était la frontière proprement dite, la seconde une zone intermédiaire,
où la progression ennemie devait être ralentie, et la troisième la ligne de défense
principale, dite position d’armée, occupée par la majorité du corps de bataille,
et où l’adversaire devait être stoppé. A
l’évidence, le concept suisse s’inspirait en partie de la doctrine défensive
allemande développée à la fin de la première guerre mondiale puis dans les
années vingt et qui s’opposaient au principe de front continu, ou linéaire, si typique de la guerre des tranchées.
Un outil imparfait
L’armée suisse de mai 1940 était un
instrument apte seulement à la défense. Elle
ne pouvait espérer, à cause de sa taille,
repousser seule l’attaque d’une grande puissance militaire comme la
France ou l’Allemagne que pendant une période limitée et dépendait de
l’assistance d’éventuels alliés pour mener une résistance prolongée avec succès. Son potentiel défensif était diminué par
l’absence de formations motorisées d’une taille significative, à l’image d’une DIM
(Division d’Infanterie Motorisées) française ou d’une divisione celeri italienne, capables d’intervenir très rapidement
pour renforcer un secteur du front risquant d’être rompu. La petite aviation helvétique et une DCA
insuffisante n’étaient pas en mesure de fournir une ombrelle protectrice
suffisante au corps de bataille suisse, et les troupes auraient été très
vulnérables à des attaques aériennes en cas de déplacement. Enfin, il existait
de sérieuses déficiences dans la formation des cadres, et bien souvent, la
construction de positions défensives se fit au dépens de l’entraînement de la
troupe. La structure même de l’armée lui imposait donc d’éviter d’être
entraînée dans une guerre de mouvement pour laquelle elle était inadaptée.
IV. Le réduit
Au bord du précipice
L’armée suisse fut prise au dépourvu par
la défaite de la France, qui la plaçait dans une situation potentiellement désastreuse.
Seul le Jura, faiblement défendu, faisait obstacle aux formations mécanisées
allemandes avant qu’elles ne puissent
déboucher sur les arrières du corps de bataille helvétique, concentré le long
de la position Limmat. En cas d’attaque, l’armée se serait trouvée prise à
front renversé avant même que les premiers coups de feu n’éclatent.
Ce
contexte déjà tendu fut également marqué par l’internement des 41’700 Français
et Polonais du 45ième corps d’armée français et surtout de violents
combats entre avions suisses et allemands. Plusieurs interceptions de He-111
ayant violés l’espace aérien suisse engendrèrent des opérations de représailles
de la Luftwaffe. Entre le 10 mai et le 8 juin 1940, un Me-109D et un C-35 furent abattus par les Allemands,
alors que les pilotes helvétiques causèrent la destruction de quatre chasseurs
Me-110 et quatre bombardiers He-111.
A
ce moment de la guerre, la Wehrmacht victorieuse
était libre de concentrer une part importante de ses 157 divisions où bon lui
semblait. Par ailleurs, une offensive allemande risquait de provoquer une intervention italienne, Mussolini
ayant déjà démontré sa propension à « voler au secours de la
victoire » pour réaliser des gains territoriaux à faible coût. Le Regio esercito, dont les limitations
n’étaient alors pas encore évidentes, disposait de cinq divisions d’Alpini spécialisées dans le combat en
montagne qui, à elles seules, représentaient
près de deux fois les effectifs du 1er corps suisse. Enfin, une démobilisation partielle de l’armée débuta le 7 juillet 1940,
à un moment particulièrement inopportun.
La menace était pourtant encore pire que
ce que la disproportion des forces en présence et la situation stratégique ne
le laissaient supposer. L’armée allemande gagna la campagne de France en dépit
de son infériorité numérique grâce à une série d’innovations tactiques passées
à la postérité sous le vocable de Blitzkrieg.
Celles-ci consistaient principalement en une concentration des moyens sur un
point décisif (Schwerpunkt), dans le
regroupement des tanks en unités spécifiques et autonomes, les Panzerdivisionen, dans l’autonomie des
formations mécanisées vis-à-vis des unités d’infanterie plus lentes, par
l’octroi d’une grande flexibilité aux cadres, qui commandaient de l’avant et
pouvaient s’adapter rapidement à une situation fluide (Auftragstaktik), par l’usage massif de la radio qui accroissait la
réactivité des unités, et enfin par l’étroite coordination entre unités blindées
et aériennes . La Wehrmacht parvint
ainsi à imposer à ses adversaires un tempo qu’ils n’étaient pas en mesure de
suivre. Ces derniers se trouvèrent donc condamnés à réagir, le plus souvent
avec retard, aux initiatives allemandes. L’armée française avait considérablement
aidé à sa propre chute par une répartition catastrophique de ses réserves, et
par une doctrine centralisatrice à l’extrême, conforme à son concept de
« Bataille méthodique », dont découlait ce qu’on appellerait
aujourd’hui une tendance excessive au micro
management. Or, force est de constater que l’armée suisse partageait
certains défauts similaires à ceux de son homologue hexagonale.
Changement de
dispositif
L’état-major général, durant le mois de
juin 1940, redéploya deux divisions et une brigade légère entre Lausanne et
Bienne pour couvrir le Jura, et faire
face à la nouvelle menace. Ce glissement du dispositif vers l’Ouest permettait
de couvrir l’ensemble du territoire, mais au prix d’un étirement important du
front, et donc d’une diminution de sa profondeur. Cette réorganisation
garantissait aux Allemands une victoire rapide en cas d’attaque ; il leur
aurait suffit de percer les défenses dans le Jura pour déboucher sur le Plateau
puis encercler les principales unités suisses.
Quelques jours plus tard, l’orientation de
la stratégie défensive suisse changea radicalement avec les premières
discussions d’état-major portant sur la création d’une position centrale dans
les Alpes. Plusieurs esquisses furent
soumises au général Guisan entre la fin du mois de juin et le début du mois de
juillet. Celles-ci se différenciaient principalement par la taille de la
position. Ce fut finalement l’option
d’un dispositif flanqué par les zones fortifiées de Sargans, de Saint-Maurice
et du Gothard qui fut choisie. L’ordre d’opération 11 du 12 juillet 1940
consacra l’avènement du réduit, schématiquement représenté sur la carte ci-dessous.
1.Position centrale (réduit) 2.
Position avancée 3. Zone frontière (carte basée sur als:Benutzer:Senna, via http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:ReduitSchweiz.gif,
mais modifiée par l’auteur)
Organisation du réduit
On retrouve dans l’ordre d’opération 11 le
principe de l’échelonnement en trois zones défensives qui caractérisait la Limmatstellung. Dans le nouveau dispositif, les secteurs
frontaliers étaient occupés par les neuf
brigades frontière et une brigade de montagne.
Leur mission restait de couvrir la mobilisation de l’armée en tenant le
plus longtemps possible. Une position de couverture, suivait la Limmatstellung avant de s’appuyer sur le
Jura bernois et neuchâtelois puis Morat et Bulle, défendait une grande partie
du plateau suisse et servait de bastion
à la position des Alpes. Les quatre
divisions et les trois brigades légères (regroupées en une division légère)
chargées de la défense de la position avaient pour mission de retarder et
d’user l’envahisseur.
Le reste de l’armée, soit deux brigades de
montagnes et cinq divisions, était stationnée dans le réduit, ou position des
Alpes. La finalité de sa mission était d’infliger
un maximum de pertes à l’adversaire et de le priver de l’emploi des
transversales alpines. Ces troupes devaient mener des contre-attaques à la
moindre occasion. Le tableau E illustre la répartition des unités entre zone
frontière, position avancée et position des Alpes.
B.
Répartition des grandes unités de
l’armée selon l’ordre d’opération 11
|
Brigades
|
Divisions
|
Zone frontière
|
10
|
|
Position de
couverture
|
|
5
|
Position des Alpes
|
2
|
5
|
Total
|
12
|
10
|
Quant au Regio Esercito, il se trouva bien vite embourbé dans une guerre
contre la Grèce d’octobre 1940 à avril 1941, puis subit une défaite de grande
ampleur en Cyrénaïque contre les troupes anglaises entre décembre 1940 et
février 1941. L’Italie contribua ensuite massivement à l’effort allemand contre
l’URSS en dépêchant sur le front de l’Est le Corpo Spedizione Italiana in Russia.
Conclusion
Le réduit national fut une réponse
élaborée dans l’urgence pour faire face à une situation militaire complètement
bouleversée. Certes, un repli dans les
Alpes après une percée de la Limmatstellung
avait été envisagé, mais on était loin de songer à y basculer la position de
résistance principale de l’armée. Il convient également de rappeler à quelle
vitesse les événements se sont précipités ; l’offensive à l’Ouest de la
Wehrmacht débuta le 10 mai et le 22 juin, la France signait l’armistice. La
Suisse se trouvait presque totalement encerclée par l’Axe, et seule.
L’armée suisse de 1940 était, comparée à
son adversaire potentiel le plus dangereux, petite, lente et dépourvue
d’ombrelle aérienne suffisante. Même si elle alignait une infanterie
raisonnablement équipée et entraînée, elle restait condamnée à la défaite. Pour
exprimer les choses crûment, la question pour ses dirigeants n’était pas de
trouver un chemin vers la victoire, mais de s’assurer que sa défaite serait la
plus coûteuse possible pour l’ennemi. Parvenir à un tel but impliquait de réussir à
neutraliser, par un moyen ou un autre, les caractéristiques qui rendaient la Wehrmacht si dangereuse en 1940. L’application du principe de défense en
profondeur prôné par «les instructions
pour le combat défensif» constituait sans nul doute une bonne réponse
tactique à une offensive mécanisée, comme le démontra l’armée française,
pourtant déjà mortellement affaiblie, sur la ligne Somme-Aisne, ou encore la Wehrmacht elle-même en Normandie
quelques années plus tard.
Mais, défense en profondeur ou pas, le
vieil adage qui veut que la force d’une forteresse soit proportionelle à celle
de la garnison qui l’occupe gardait toute sa pertinence. Il fallait donc que la
densité d’occupation du front par les troupes suisses soit la plus forte
possible. Les Alpes suisses se prêtaient à ce second impératif. Un terrain
montagneux canalise les mouvements de troupes, et limite le nombre de points
qui doivent être couverts par le défenseur. Plus important encore pour l’armée
suisse en 1940 , ce type de terrain permet de ralentir le tempo opérationnel
d’un adversaire plus mobile. Un tel
ralentissement aurait par exemple permis aux unités helvétiques de se déplacer
la nuit et minimiser ainsi leur vulnérabilité face aux attaques aériennes. Bref,
combattre en zone montagneuse permettait d’imposer à l’ennemi une bataille
d’usure. Dans les positions occupées en juin 1940, les gros de l’armée suisse
auraient étaient anéantis en quelques jours, alors que dans les Alpes, leur
résistance aurait pu se prolonger durant des mois.
Enfin, les militaires suisses disposaient-elle
d’alternatives crédibles au réduit ? L’armée suisse était avant tout
défensive, et ne pouvait pas espérer mener d’attaques préemptives. Les opérations de guérilla étaient déjà
intégrées dans la stratégie suisse, mais des troupes irrégulières auraient été
extrêmement vulnérables sans disposer d’une zone géographique difficilement
accessibles à l’ennemi, et auraient dû obligatoirement opérer depuis les Alpes,
ce qui serait revenu, in fine, à
créer une forme de réduit plus vulnérable, et aurait demandé moins de troupes à
l’ennemi pour en venir à bout. Se servir des villes du Plateau comme forteresses
aurait peut-être représenté une alternative, si l’on fait abstraction de la
petite taille des cités suisses d’alors, et que les sièges de Stalingrad ou de Breslau étaient
encore à venir.
Ainsi, la mise en place du réduit était
sans conteste la solution la plus rationnelle dans une perspective militaire.
Dans la nouvelle donne stratégique consécutive à la défaite française,
conserver la plus grande partie de l’armée sur le Plateau eût été un non-sens stratégique.
Bibliographie
Streit Pierre, Histoire militaire suisse, Infolio
éditions, 2006.
Langendorf Jean-Jacques et Streit Pierre, Le Général Guisan et l’esprit de
résistance, éditions Cabédita, 2010.
De Weck Hervé, La
Suisse peut-elle se défendre seule ? éditions Cabédita, 2011.
Langendorf Jean-Jacques et Streit
Pierre, Face à la guerre. L’armée et le peuple suisses
1914-1919/1939-1945, Infolio éditions, 2007.
Guisan Henri, Rapport du Général Guisan à
l’assemblée fédérale sur le service actif 1939-1945, 1946
Senn Hans, Bâle et le plateau de
Gempen au début de la Seconde
Guerre mondiale 1939-1940, Société
d’officiers du Jura et du Jura bernois, 1997.
Green Jack, Massignani Alessandro et Blennemann
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Mediterranean, Jack Green, 1990.
Frieser Karl-Heinz, le mythe de la guerre-éclair, Belin,
2003.
Ordes
de bataille de l’armée française, enpointe.perso.infonie.fr
Vaste
bibliothèque d’ordres de bataille, http://niehorster.orbat.com
Site
sur les forces armées italiennes sous le régime fasciste, http://www.comandosupremo.com
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