Historien
suisse, Pierre Streit est un ancien officier de carrière et par ailleurs directeur scientifique du Centre
d'histoire et de prospective militaire à
Lausanne. Il est l’auteur de nombreux articles sur l'histoire militaire
et la polémologie, et a déjà plusieurs ouvrages à son actif, portant sur
l’histoire militaire suisse. En 2012, il publiait dans la collection illico des
éditions Infolio un petit ouvrage de 156 pages intitulé l’armée romaine.
Celui-ci est composé d’une courte préface de Pierre
Ducrey, suivie d’une introduction de 18 pages offrant un rapide parcours de
l’histoire militaire romaine incluant d’utiles encarts sur les guerres puniques
et la réforme de Marius. Cette introduction est suivie d’un chapitre de 15
pages portant sur l’espace, qui aborde la perception géographique romaine,
ainsi que les modes et les voies de communications maritimes et terrestres.
Quatre chapitres, intitulés les modèles d’armée, la protection, la
force de combat et la force au combat, comprenant au total 71 pages,
décrivent ensuite plus en détail l’institution militaire romaine, que ce soit
par ses aspects logistiques, organisationnels, tactiques ou encore
l’entraînement et l’équipement des soldats, le processus de sélection des
cadres et les effectifs.
Enfin, une conclusion de neuf pages attribue les
raisons premières du succès romain en matière militaire à la discipline et à
l’entraînement, deux caractéristiques essentielles de l’armée romaine. L’auteur
revient aussi sur certaines faiblesses inhérentes au système militaire
impérial, à commencer par les coûts d’une telle armée, qui en limitent la
taille et rendent par ailleurs difficile la mise en place d’une cavalerie
importante. Enfin, une bibliographie indicative de 10 pages, composée de
références récentes vient compléter l’ouvrage. Celle-ci est suivie d’un
glossaire fort utile, et ce d’autant plus que si certaines entrées comme
« légion » sont attendues, d’autres, comme Jumenti ou Sarcina
le sont bien moins.
Ce petit ouvrage de vulgarisation recèle en
effet bien des surprises. Avec un format si réduit, le lecteur s’attendrait
évidemment soit à un concentré de concepts ardus appondus les uns aux autres à
la manière de certains «Que sais-je ? » ou alors à une répétition de
points aussi connus les uns que les autres. Et pourtant, Pierre Streit réussit
à naviguer avec succès entre ces deux écueils : Le propos est clair, les
points essentiels sont abordés et surtout, d’autres aspects, beaucoup plus
rarement évoqués sont bel et bien présents. On retiendra par exemple les
passages sur le rapport entre guerre et religion sous la République ou la
perception géographique des Romains.
Par ailleurs, la pratique très utile
d’insérer des encarts présentant des points particuliers, comme la carrière
militaire de Jules César, l’organisation de la légion « classique »
ou encore le duel entre légions et phalanges, facilite d’autant la
compréhension du lecteur en lui offrant une structure claire. Le seul petit
bémol que l’on puisse reprocher à ce livre, et que l’on retrouve dans la
plupart des ouvrages traitant de ce sujet, réside dans le traitement très
parcimonieux de l’armée romaine tardive. Cette dernière mériterait à vrai dire
que les éditions Infolio confient au même auteur la rédaction d’un second opus
cette fois dédié à l’armée des derniers siècles de l’empire d’Occident.
In
fine,
cet ouvrage permet bel et bien au profane de sa familiariser avec les armées de
la république et de l’Empire jusqu’à son apogée tout en offrant au lecteur déjà
plus familier du sujet des perspectives nouvelles ou peu évoquées. Cet
équilibre, associé au prix très raisonnable de l’opus (10 Euros ou 15 francs
suisses), induit que sa lecture est fortement recommandée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire