Pages

mardi 1 octobre 2013

Un peu de lecture II : Stéphane Mantoux, L'offensive du Têt, 30 janvier - mai 1968

Dans un premier temps, nous remercions l’auteur de nous avoir envoyé un exemplaire de son livre. 

La guerre du Vietnam est particulière dans le sens où, cinéma oblige, elle fait partie de l’imaginaire collectif, alors que dans le même temps, elle reste relativement peu connue. En langue française, les parutions d’ouvrages relatives à ce conflit sont relativement rares, même si l’on se souvient de la traduction d’une biographie de Giap par Cécile B. Currey en 2003, de La guerre du Viêt Nam de John Prados en 2011 ou encore du témoignage de Bui Tin en 2000. La récente publication par Tallandier d’un ouvrage de synthèse sur l’offensive du Têt, perçue comme le tournant de la guerre, est donc particulièrement bienvenue. Elle l’est aussi, avouons-le, car il s’agit du premier ouvrage de Stéphane Mantoux, acteur bien connu de la blogosphère, auteur de nombreux articles dans plusieurs titres de la presse spécialisée, et camarade au sein de la rédaction du blog l’autre côté de la colline

Cet opus est une très efficace synthèse portant non seulement sur l’offensive du Têt à proprement parler, mais aussi sur la genèse de la guerre du Vietnam jusqu’en 1968. De manière générale, l’ouvrage est bien équilibré, les trois premiers chapitres permettant de contextualiser l’engagement américain au Vietnam (chapitre I), les débats nord-vietnamiens à l’origine de l’offensive (chapitre II) et de présenter les forces en présence (chapitre III). Au total, cette partie introductive couvre près de la moitié de l’ouvrage. 

Les cinq autres parties couvrent l’offensive du Têt dans le sens nord-vietnamien du terme, incluant les opérations de diversions préliminaires (chapitre IV), l’évocation des combats à Saigon et dans l’ensemble du pays (chapitre V) avant de décrire avec précision les batailles emblématiques de Hué (chapitre VI) et de Khe Sanh (chapitre VII) les opérations communistes subséquentes, et de discuter ensuite des effets de l’offensive (chapitre VIII). Enfin, une conclusion d’une dizaine de pages amène des éléments sur les conséquences à long terme de l’affrontement. 

Si l’on peut regretter à la lecture de cet ouvrage que tel ou tel point particulier n’ait pas pu être traité plus en profondeur, comme par exemple l’histoire du Vietnam du Sud sous la dictature du régime de Diem, on ne peut qu’être impressionné par l’équilibre général du propos. Ainsi, dans le chapitre décrivant les forces belligérantes, le nombre de pages consacrées aux troupes américaines et sud-vietnamiennes est presque équivalent. De même, si on apprécie la partie expliquant le processus politique menant à l’engagement américain dans le bourbier vietnamien, l’auteur présente également avec soin les âpres débats au sein de la direction nord-vietnamienne ayant précédé l’offensive du Têt. Par ailleurs, même dans les parties relatant le cours des affrontements, des développements sont régulièrement menés afin d’amener de la hauteur au propos. Le chapitre VIII inclut par exemple une discussion sur la difficulté, de nos jours encore, à déterminer quel était l’objectif des Nord-vietnamiens durant le siège de Khe Sanh. L’introduction comprend enfin un très intéressant développement sur l’historiographie du conflit.

In fine, la lecture de cet ouvrage est donc vivement recommandée parce qu’elle présente une synthèse à la fois claire, nuancée et objective du tournant de la guerre du Vietnam, et constitue une très bonne base de départ pour toute personne souhaitant ensuite approfondir sa connaissance d’un aspect ou d’un autre de ce conflit.

2 commentaires: