Dans un premier temps, nous remercions l’auteur de nous avoir envoyé un exemplaire de son livre.
La
guerre du Vietnam est particulière dans le sens où, cinéma oblige, elle
fait partie de l’imaginaire collectif, alors que dans le même temps,
elle reste relativement peu connue. En langue française, les parutions
d’ouvrages relatives à ce conflit sont relativement rares, même si l’on
se souvient de la traduction d’une biographie de Giap par Cécile B.
Currey en 2003, de La guerre du Viêt Nam de John Prados en 2011 ou
encore du témoignage de Bui Tin en 2000. La récente publication par
Tallandier d’un ouvrage de synthèse sur l’offensive du Têt, perçue comme
le tournant de la guerre, est donc particulièrement bienvenue. Elle
l’est aussi, avouons-le, car il s’agit du premier ouvrage de Stéphane
Mantoux, acteur bien connu de la blogosphère, auteur de nombreux
articles dans plusieurs titres de la presse spécialisée, et camarade au
sein de la rédaction du blog l’autre côté de la colline.
Cet
opus est une très efficace synthèse portant non seulement sur
l’offensive du Têt à proprement parler, mais aussi sur la genèse de la
guerre du Vietnam jusqu’en 1968. De manière générale, l’ouvrage est bien
équilibré, les trois premiers chapitres permettant de contextualiser
l’engagement américain au Vietnam (chapitre I), les débats
nord-vietnamiens à l’origine de l’offensive (chapitre II) et de
présenter les forces en présence (chapitre III). Au total, cette partie
introductive couvre près de la moitié de l’ouvrage.
Les
cinq autres parties couvrent l’offensive du Têt dans le sens
nord-vietnamien du terme, incluant les opérations de diversions
préliminaires (chapitre IV), l’évocation des combats à Saigon et dans
l’ensemble du pays (chapitre V) avant de décrire avec précision les
batailles emblématiques de Hué (chapitre VI) et de Khe Sanh (chapitre
VII) les opérations communistes subséquentes, et de discuter ensuite des
effets de l’offensive (chapitre VIII). Enfin, une conclusion d’une
dizaine de pages amène des éléments sur les conséquences à long terme de
l’affrontement.
Si l’on peut regretter à la lecture de
cet ouvrage que tel ou tel point particulier n’ait pas pu être traité
plus en profondeur, comme par exemple l’histoire du Vietnam du Sud sous
la dictature du régime de Diem, on ne peut qu’être impressionné par
l’équilibre général du propos. Ainsi, dans le chapitre décrivant les
forces belligérantes, le nombre de pages consacrées aux troupes
américaines et sud-vietnamiennes est presque équivalent. De même, si on
apprécie la partie expliquant le processus politique menant à
l’engagement américain dans le bourbier vietnamien, l’auteur présente
également avec soin les âpres débats au sein de la direction
nord-vietnamienne ayant précédé l’offensive du Têt. Par ailleurs, même
dans les parties relatant le cours des affrontements, des développements
sont régulièrement menés afin d’amener de la hauteur au propos. Le
chapitre VIII inclut par exemple une discussion sur la difficulté, de
nos jours encore, à déterminer quel était l’objectif des
Nord-vietnamiens durant le siège de Khe Sanh. L’introduction comprend
enfin un très intéressant développement sur l’historiographie du
conflit.
In fine, la lecture de cet ouvrage est donc
vivement recommandée parce qu’elle présente une synthèse à la fois
claire, nuancée et objective du tournant de la guerre du Vietnam, et constitue une très bonne base de départ pour toute personne souhaitant
ensuite approfondir sa connaissance d’un aspect ou d’un autre de ce
conflit.
Un ouvrage à se procurer sans aucun doute !!
RépondreSupprimerCommandé aujourd'hui ;)
RépondreSupprimer