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dimanche 1 septembre 2013

Une visite à Clin d'Ailes



Clin d’Ailes, nom du  musée de l’aviation militaire de Payerne, sis en bordure de la base aérienne du même nom, est le fruit des efforts et de la patience d’anciens pilotes de l’escadrille d’aviation 5, à l’origine de la fondation d’une association en 1994. Celle-ci ne tarda pas à s’investir dans la préservation du patrimoine aéronautique en constituant au fil des années une collection  d’aéronefs retirés du service et originellement destinés à être détruits. Les premiers appareils sauvés furent exposés à Arnex-sur-Orbes, jusqu’à ce que l’association, devenue Espace Passion, puisse les déplacer à Payerne, dans un hangar construit à cet effet. Le nouveau musée ouvrit ses portes en 2003, alors que l’association continuait à accroître sa collection, notamment en recevant des Mirage III.
Le musée permet au visiteur de se familiariser avec nombre d’aéronefs ayant servis dans les troupes d’aviation suisses. Même si le nombre d’appareils visibles est limité, l’exposition inclut également de nombreux objets, tels que réacteurs, bombes, sièges éjectables, obus de canons, combinaisons de vol ou encore caméras, tous mis en valeur par des panneaux explicatifs claires et didactiques. Le visiteur aura, entre autre,  l’occasion de découvrir les  trois premières générations de jets de combat ayant équipé les troupes d’aviation suisses. Voici donc une série de photographies des Vampire, Venom, Hunter et Mirage IIIS et RS visibles sur place, accompagnées de brèves informations sur leur carrière dans les cieux helvétiques. 
Adrien Fontanellaz

Vampire (photo de l'auteur)
 
Le premier vol d’un Vampire eut lieu en pleine deuxième guerre mondiale, le 20 septembre 1943. Il s’agissait avec le Gloster Meteor ou le Me-262, d’un des premiers avions de combat à réaction. Le premier escadron de la RAF à être équipé de ce chasseur à fuselage bipoutre et encore partiellement construit en bois ne devint opérationnel qu’au début de l’année 1946, trop tard pour participer à la deuxième guerre mondiale. Armée de 4 canons de 20 mm et pesant au maximum 5'850 kg au décollage, ce petit chasseur était capable d’une vitesse de 820 km/h au niveau de la mer, et battit le record mondial d’altitude, atteignant 18'119 mètres, en mars 1948.
A la fin de la guerre, et malgré l’achat de 130 Mustang P-51D en 1948, la Suisse, soucieuse de moderniser rapidement son aviation vieillissante, s’intéressa très tôt au chasseur de Havilland. Une première délégation suisse s’intéressa au Vampire dès le mois d’octobre 1945 et une série d’essais fut ensuite menée à l’aide d’une poignée d’exemplaires livrés en 1946. Le Conseil fédéral accepta rapidement l’achat de 75 machines, pour 64.5 millions de francs, et les premiers exemplaires de cette commande furent livrés en 1949. La première unité à être équipée de Vampires fut la 2e escadrille de l’escadre de surveillance, composée de pilotes professionnels, faisant de la Suisse le troisième pays à s’équiper de l’avion, après la Grande-Bretagne et la Suède. Une seconde série de 100 avions fut bientôt commandée, mais à la différence de la première, les avions furent produits par la petite industrie aéronautique nationale, les derniers exemplaires étant assemblés en 1952. Enfin, 39 exemplaires biplaces de l’avion furent acquis afin de permettre l’écolage et la conversion opérationnelle des pilotes. Au cours de leur longue carrière en Suisse, les derniers exemplaire n’étant retirés du service qu’en 1990, les Vampire biplaces effectuèrent un total de 68'000 heures de vol en 139'000 sorties, pour la perte de deux avions et de trois pilotes tués.
Venom (photo de l'auteur)

En 1951, les Chambres fédérales approuvèrent l’achat de 150 Venom, une évolution du Vampire mieux adaptée aux missions d’appuis au sol et pourvue d’une nouvelle motorisation, pour un montant de 175 millions de francs. Certains des exemplaires produits sous licence furent des appareils de reconnaissance dont le nez avait été modifié afin de permettre l’emport de caméras. La première commande de 150 Venom fut bientôt suivie par une seconde portant sur 100 exemplaires. Ainsi en 1956, grâce à la rapide entrée en service des Vampire et des Venom, l’ensemble du parc d’avions de combat des troupes d’aviation était composé d’appareils à réaction de première génération.

Venom au premier plan, Vampire à l'arrière-plan (photo de l'auteur)

Les avancées technologiques dans l’aéronautique durant les années 50 et 60 furent telles que dès 1958, il fut décidé d’acquérir, toujours en Grande-Bretagne, 100 Hawker Hunter Mk.6 pour un montant de CHF 313 millions. Cet avion, armée de quatre canons de 30 mm, fut choisi au détriment du F-86 Sabre américain et surtout après que le projet de chasseur endogène FFA-16 se soit avéré trop ambitieux pour les capacités encore limitées de l’industrie nationale. Entre 1971 et 1974, une nouvelle tranche de 60 Hunter, acquis de seconde main, furent encore livrés. Au cours de leur carrière suisse, ces chasseurs-bombardiers effectuèrent 310'000 heures de vol, mais au prix de 30 appareils détruits dans des accidents qui causèrent la mort de 15 pilotes.

Hunter (photo de l'auteur)

Désireux de compléter son parc de Hunter nouvellement acquis avec un appareil de toute dernière génération, le Département militaire fit évaluer dès 1958 cinq modèles d’avions différents, parmi lesquels le Lockheed Starfighter, le Saab Draken et le Mirage III. Après une année de tests, ce fut le dernier-né de Dassault qui obtint la faveur des aviateurs. En juin 1961, les Chambres fédérales accordaient un crédit de 871 millions de francs devant permettre l’acquisition de 100 Mirage III. Cependant, la volonté de produire l’appareil sous licence en Suisse et les adaptations spécifiques demandées par les militaires eurent pour effet d’engendrer des dépassements de coût massifs. Ainsi, en 1964, quand le Conseil fédéral demanda une rallonge de 576 millions de CHF, le scandale fut énorme, et causa la création de la première commission d’enquête parlementaire de l’histoire du pays, engendrant à son tour la chute de deux hauts responsables militaires. En septembre 1964, le nombre d’avions achetés fut réduit à 57, soit 36 Mirage IIIS de chasse, 18 Mirage IIIRS et trois biplaces de conversion opérationnelle. Même ainsi, le parlement dût concéder une rallonge budgétaire de 150 millions de CHF afin de couvrir l’achat des appareils.

Mirage IIIS (photo de l'auteur)

La première unité à recevoir les Mirage IIIS, initialement armés de missiles air-air Falcon ou Sidewinder en plus de leurs deux redoutables canons DEFA de 30 mm, fut, en 1968, l’escadrille d’aviation 17, appartenant à l’escadre de surveillance. Après une longue carrière, durant laquelle sept d’entre eux furent perdus, les Mirage IIIS furent retirés du service en 1999, malgré un chantier de modernisation qui toucha l’ensemble de la flotte entre 1988 et 1992, comprenant l’ajout de plans canards et de nouveaux sièges éjectables.

Mirage IIIRS au premier plan, puis Hunter au second plan (photo de l'auteur)

Les Mirage IIIRS de reconnaissance, mis en œuvre par l'escadrille d'aviation 10, emportaient quatre caméras dans le nez. A partir de 1981, ils purent aussi emporter une nacelle de reconnaissance pourvue de caméras infrarouges. Les Mirage IIIRS furent retirés du service en 2003, laissant l’armée suisse sans capacité de reconnaissance aérienne.
Sources
Divers entrées dans le Dictionnaire historique de la Suisse

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