Cet ouvrage collectif de 285 pages est le
fruit d’une collaboration de plusieurs années entre le Château de Morges et ses
quatre musées avec le Centre d’Histoire et de Prospective Militaires de Pully
et résulte d’une journée d’étude consacrée au service de Hollande qui s’est
tenue en 2010 au Château de Morges. Le livre réunit les contributions de douze
auteurs - soit une partie significative des historiens militaires actifs en
Suisse Romande, sous la direction de Sébastien Rial. Contrairement à ce que pourrait laisser
penser son titre, le livre présente certes le service des soldats suisses mais
l’insère dans le contexte plus global des relations politiques, économiques et militaires entre
les Cantons protestants suisses avec les Provinces-Unies et ce à l’aune de la
politique européenne, et tout particulièrement en regard à l’amitié parfois
houleuse unissant les Confédérés au Royaume de France. Une introduction de
douze pages de Sébastien Rial ; De
Nimègue à Java, une histoire pluriséculaire, suivie par une chronologie de
huit pages, offre ainsi au lecteur la possibilité de se familiariser avec ce
contexte particulier.
La première intervention, de 14 pages, est
signée par Arthur Barbéra. L’affaire des
Suisses à Malplaquet, les assauts du Prince d’Orange le 11 septembre 1709,
s’étend de manière très détaillée sur la partie Hollandaise de la bataille,
dont l’importance est mise en lumière par le fait que ces derniers subirent
environ la moitié des pertes encourues par les Alliés durant l’affrontement,
les régiments suisses au service de la Hollande étant également durement
touchés. Cette première partie est suivie par un texte de 13
pages, de Hubert Foerster, intitulé Johann
Friedrich von Diesbach – 1677-1751 Im holländischen Dienst, ein Opfer der
französischen Politik und der Freiburger Verhältnisse – 1711-1715. Pierre Streit
revient ensuite sur un chapitre largement oublié de l’histoire suisse,
rappelant que la Confédération actuelle est bien le fruit d’une construction
parfois douloureuse dans un chapitre de sept pages ; Berne et les Provinces-Unies à l’époque de la seconde guerre de
Villmergen – 1712 où il présente notamment la courte guerre ayant opposé
cantons protestants et catholiques et consacra la position dominante occupée
par Berne et Zürich au sein de la Confédération.
Quinze pages, intitulées Die Blaue Farb ist für die dauerhafteste –
Uniform der Schweizer in höllandischen Diesten, sont ensuite consacrées par
Jürg A. Meier aux uniformes et à l’équipement des soldats suisses avant que Guy
Lecomte ne présente au lecteur la brève carrière d’un très jeune officier au
service de la Hollande durant les guerres de la Révolution reconstituée grâce à
des archives familiales dans La guerre
dans les Flandres vue par Guillaume de Willermin, officier aux Gardes suisses –
1793-1795 (14 pages). L’intervention
suivante, longue de 11 pages est signée par Sébastien Rial et porte sur Le siège de Grave en 1794 et la vie de David
Albrecht Gabriel von Gross – 1756-1809 présentant la vie d’un officier qui,
outre la valeur dont il fit preuve durant la siège de Grave en 1794, au cours
duquel il assuma le commandement effectif de la garnison, se révéla être un
écrivain militaire de talent auteur de plusieurs ouvrages remarqués en leur
temps. Alain-Jacques Tornare s’intéresse ensuite aux Vaudois, alors soumis à la
domination bernoise, ayant mené une carrière militaire aux Pays-Bas dans Le service de Hollande un passage obligé
pour les sujets vaudois en quête de reconnaissance ? (12 pages) et
signe également Une dynastie au service
de la Hollande ; la famille de Constant-Rebecque (12 pages).
Jean-Jacques Langendorf, dont l’un des derniers ouvrages est recensé ici, s’intéresse à un
destin somme toute surprenant, soit celui d’un natif issu d’un pays dépourvu
d’accès à la mer et qui devint néanmoins stratège navale après une carrière
débutée en tant qu’aspirant dans la marine hollandaise dans Victor Emmanuel Thellung de Courtelary ;
Un théoricien maritime suisse du début du
XIXe siècle (10 pages).
Quatorze pages sont consacrées par Herman
Amersfoort aux années qui suivirent les guerres napoléoniennes dans The End of an Enterprise Swiss Regiments in
the Royal Dutch Army – 1814-1829. Les régiments suisses réapparurent alors
pour quelques années afin d’être licenciés une seconde fois le 31 décembre
1829. Une autre destinée singulière est
brièvement abordée, sur deux pages, par Martin Bundi dans Christian
Jodocus Steinhauser – 1786-1863 in holländischem Dienst un sein Arithmetikbuch
in Rätoromanischer Sprache avant
que David Auberson ne présente l’aventure, meurtrière, des mercenaires suisses
ayant servi dans l’armée coloniale hollandaise, la Koninklijk Nederlands Indisch
Leger qui, contrairement à l’armée régulière, ne pouvait
pas faire appel aux conscrits hollandais dont le déploiement dans les colonies
était proscrit par la constitution, dans un texte de 15 pages ; Engagés
pour six ans en enfer : les mercenaires suisses à la conquête de Java et Bornéo
– 1855-1865. L’ouvrage se conclut
enfin par un article de 7 pages de Harms Stevens; « Who in the Netherlands has not heard of Captain Christoffel?”
the Peerless career of a Swiss in Dutch Colonial Service – 1886~1910. Le lecteur découvrira ensuite de nombreuses annexes comprenant la liste
des régiments suisses au service de la Hollande de 1693 à 1793 avec le nom de
leurs différents propriétaires ou encore un article de deux pages sur les
Cent-Suisses, la compagnie chargée de protéger le stadhouder.
Par ailleurs, il convient de souligner qu’outre
l’intérêt de ses textes, cet ouvrage est aussi un beau livre, très densément
illustré par une iconographie largement inédite. Un cahier de 23 aquarelles
présentant des soldats au services de la Hollande est par exemple reproduit en
milieu d’ouvrage, accompagné de légendes détaillées. In fine, la lecture
de De Nimègue à Java: les soldats
suisses au service de la Hollande XVIIe-XXe siècles est plus que
recommandée à plusieurs titres. Parce que ce livre restera très probablement la
référence sur le sujet durant des décennies d’une part mais aussi parce que la
variété des articles offre des perspectives et des styles complémentaires,
allant d’une narration précise et événementielle à des interventions plus
beaucoup plus contextualisées. Tiré à relativement peu d’exemplaires, le livre
peut être commandé directement sur le site du Château
de Morges.
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