L’actuel musée de l’histoire
de l’armée fut le premier musée construit à Vienne et son origine remonte à
1848, avec la réalisation d’un complexe militaire dans le sud-est de la
ville ; l’Arsenal, et qui comprenait la mise en place d’un musée. Le style
du bâtiment, dessiné par l’architecte Ludwig Förster, était byzantin mais
intégrait des éléments issus des styles
néo-gothique et hispano-maure. La construction du musée, situé au centre de
l’Arsenal, dura six ans, de 1850 à 1856. Cependant, la mise en place de la
décoration intérieure s’avéra bien plus longue puisque elle ne fut achevée
qu’en 1872. Cette dernière, particulièrement riche, comprend notamment des
bustes des chefs militaires les plus prestigieux de l’empire durant son
histoire ainsi que d’immenses fresques représentant ses plus grandes
batailles. Il fallut encore du temps
pour assembler les collections devant être présentées, et le musée n’ouvrit ses
portes au public qu’en mai 1891, plusieurs décennies après sa conception. Loin
de pratiques plus contemporaines, le musée a donc été conçu comme un témoignage
de la grandeur de l’empire et de son armée et constitue en lui-même un bâtiment
historique d’un très grand intérêt.
L'entrée du musée en 2009 (via Wikicommons) |
Le bâtiment fut dévasté
durant la Seconde Guerre mondiale, par une série de bombardements américains
sur la ville dont le premier intervint le 10 septembre 1944 puis lors des
furieux combats qui accompagnèrent la prise de Vienne par les troupes
soviétiques en avril 1945, eux-mêmes suivis par des pillages. Le musée fut
reconstruit dès 1946, puis ses collections s’enrichirent avec l’exposition
d’artefacts auparavant détenus par d’autres institutions. Le musée d’histoire
militaire comprend à l’heure actuelle plusieurs sections offrant au visiteur une large perspective sur
l’histoire militaire de l’Empire des Habsbourg puis sur celle de l’Autriche,
couvrant entre autres le siège de Vienne ou encore les Premières et Secondes
Guerres mondiales.
Vitrine
présentant des armes ottomanes (Photo de l'auteur)
|
Partie d’un
tableau représentant la bataille de Lissa, le 20 juillet 1866, présent dans la
partie du musée consacrée à la défunte marine austro-hongroise.
La voiture Gräf und Stift 28/32 double phaeton dans laquelle l’Archiduc François-Ferdinand fut
assassiné par Gavrilo Princip à Sarajevo le 28 juin 2014. (Photo de l'auteur)
Le même véhicule,
avec un impact de balle encore visible (photo de l'auteur)
Le prototype
20.01 du biplan de reconnaissance biplace Albatros B II, propulsé par un moteur
de 145 chevaux. Cet avion d’origine allemande également produit à Vienne. (photo de l'auteur)
Mortier de siège
Skoda de 24cm, modèle 1898. Premier mortier de ce type à entrer en service dans
l’armée austro-hongroise, il équipa
notamment la batterie numéro 9 déployée à Gallipoli pour soutenir l’allié
ottoman. De manière générale, la k.u.k
Armee reste l’une des grandes délaissées de l’historiographie de la
Première Guerre mondiale en langue française. (photo de l'auteur)
Affiche
témoignant du climat politique en Autriche durant les années qui précédèrent
l’Anchluss. (photo de l'auteur)
Un canon
anti-char Pak 40, largement répandu dans la Wehrmacht durant les dernières
années de la Seconde guerre mondiale. Les caractéristiques de cette arme de
75mm la rendirent meurtrière contre la plupart des chars alliés jusqu’à la fin
du conflit, mais les contraintes inhérentes à ce type de canon – soit son
absence de mobilité comparativement aux tanks – causèrent des pertes
extrêmement lourdes pour ses servants car une fois, démasquée, une batterie
pouvait être relativement aisément prise par les flancs. (photo de l'auteur)
Char léger
d’origine américaine M-41 Walker. Le musée inclut une collection d’une
vingtaine de blindés, comprenant des exemplaires de Centurion, M-109, AMX-13 ou
encore T-34/85 et Su-85. (photo de l'auteur)
Deux modèles de
chasseurs SAAB sont actuellement exposés devant l’entrée du musée, un J-29
Tunnen (baril) et un J-35 Draken (dragon). Le J-35 fut peut-être le plus connu
de la lignée des chasseurs produits en Suède, grâce à sa silhouette
caractéristique due à ses ailes en double delta. Le nouvel avion, manœuvrable et conçu pour opérer
depuis des pistes courtes, fit son vol inaugural le 25 octobre 1955. Il
s’agissait d’un chasseur de la classe Mach 2, le pendant nordique du Mirage III
français ou du F-104 américain. A la fin des années soixante, l’Autriche se
tourna vers la Suède, autre Etat neutre, afin de moderniser sa petite aviation
militaire. Ainsi, 40 exemplaires du SAAB 105Ö, un avion-école à réaction
capable de mener des missions d’attaque légère, furent commandés en 1970.
L’Autriche ne disposant alors plus d’intercepteurs, il fut décidé en 1982
d’acheter un chasseur de seconde main à titre transitoire en attendant que des
appareils neufs et de nouvelle génération puissent être acquis durant la
décennie suivante. Après avoir évalué des avions aussi variés que le F-5
américain, le Lightning britannique et les Mirage III/50 français, l’Autriche se
tourna une nouvelle fois vers SAAB, et un contrat de 2.43 milliard de schilling
fut signé le 21 Mai 1985 pour l’achat 24 J-35D, produits entre 1963 et 1965,
mais devant être modernisés et redésignés J-35OE. Les 24 avions furent livrés
entre le juin 1987 et juillet 1989. Une série de violations de l’espace aérien
autrichien au début de la guerre civile yougoslave causa une nouvelle
modernisation des Draken, notamment en les équipant de missiles air-air AIM-9P3
et AIM-9P5 Sidwinder. Devenant de plus en plus coûteux à entretenir, les J-35OE
furent retirés du service en décembre 2003 et remplacés par douze F-5E loués à
la Suisse. (1)
Pour aller plus loin : le site du musée.
(1) Gerald A. Simperl, Austria retires its SAAB 35OE Drakens
consulté
le 12 août 2015
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