L’une des particularités
de l’édition 2015 du comptoir suisse de Lausanne résidait dans une importante
présence militaire, sous la forme d’un pavillon animé par la Brigade Blindée 1,
hôte d’honneur de la manifestation. Des moyens conséquents furent engagés dans
cette opération de communication, puisque, outre les différents panneaux de
présentation et autres matériaux didactiques, des exemplaires des principaux
modèles de blindés équipant la brigade étaient exposés.
Le Léopard 2A4 reste
l’unique modèle de char en service dans l’armée suisse. 380 Léopard, produits
sous licence en Suisse, ont été livrés entre 1987 et 1993. 224 exemplaires figuraient encore dans
l’inventaire de l’armée en 2007. La diminution du parc de chars a été drastique
au cours des trois dernières décennies, l’ordre de bataille passant de cinq
brigades blindées après 1995 à deux à partir de 2001. (toutes photos de l'auteur)Eagle II. Les unités de reconnaissance (exploration dans la terminologie suisse), utilisent des Eagle I et II, développés par MOWAG sur la base du célèbreHMMWV américain.
Les armoiries des bataillons attachés à la Brigade Blindée 1.
Cette grande formation
comptant environ 10'000 hommes une fois mobilisée est l’une des deux brigades
blindées que compte l’armée suisse. Son Etat-major, basé dans l’arsenal de
Morges, chapeaute huit bataillons. Le cœur de la brigade est constitué par les
bataillons de chars 12, 17 et 18 ainsi que par le bataillon d’infanterie 16.
Les trois bataillons de chars sont des unités interarmes puisque chacun de
ceux-ci comprend, outre une compagnie d’état-major et une compagnie logistique,
deux compagnies de chars et deux compagnies de grenadiers de chars (1) avec 14
blindés chacune pour un total de 928 hommes par bataillon. Les unités d’appui
sont constituée par le Bataillon d’aide au commandement 1, le Bataillon
d’exploration 1, le Bataillon de génie 2 et par les trois batteries du Groupe
d’artillerie 1, équipées de M-109 modernisés.
La brigade avait également
organisé dans son pavillon plusieurs présentations permettant au grand public
de se familiariser avec des thèmes comme « Le renseignement militaire, en
Suisse et à l’étranger » ou « L’État des conflits dans le
monde ». Nous avons eu l’occasion d’assister à l’exposé donné le 21
septembre 2015 par Pierre Streit, historien bien connu et aussi officier de
milice; « Sécurité et conflits actuels, les menaces et les
tendances ».
Durant son intervention, il
a rappelé l’urbanisation croissante de nos sociétés; une ville comme Lausanne est
passée de 17'000 à habitants en 1850 à 140'000 en 2015 alors qu’à l’horizon
2040, 65 % de la population mondiale devrait vivre dans des zones urbaines. Il
a également souligné que les villes n’ont jamais cessé de constituer un enjeu
primordial dans les opérations militaires, y compris en Suisse si l’on pense à
la bataille de Morat, alors que les conflits survenus au cours des deux
dernières décennies n’ont fait que confirmer la permanence de ce phénomène
(Grozny, Bagdad etc…).
Le CV90, monture des grenadiers de chars suisses. Les 186 blindés de ce type reçus par la Suisse entre 2002 et 2005 sont équipés d’un canon Bushmaster II de 30mm.
Le compartiment de combat du CV90 permet d’accueillir huit grenadiers. En outre, le véhicule inclut un équipage de trois hommes, soit un pilote, un canonnier et un commandant.
Les militaires doivent de
surcroît prendre en compte la présence de plus en plus fréquente sur les champs
de bataille contemporains d’adversaires irréguliers ou hybrides – soit un
éventail d’adversaires potentiels plus large et bien plus difficiles à
reconnaître que durant la guerre froide, où l’ennemi était représenté par les
forces du pacte de Varsovie. L’armée s’entraîne donc à combattre en
coordination avec divers partenaires dont le rôle est déterminant dans ce type
de scénarios, comme les médias, les pouvoirs politiques et judicaires, et les
autre corps en uniforme ; police, pompiers, voir sociétés de sécurité
privées.
De fait, les brigades
blindées suisses s’entraînent elles aussi de plus en plus au combat en zone
urbaine, au détriment des traditionnelles manœuvres en plaines, contre des
adversaires hybrides, mettant à profit pour ce faire les infrastructures
dédiées à l’entraînement au combat au milieu urbain dont dispose déjà l’armée.
Si elles sont raisonnablement bien équipées, ces unités devront faire face à
des défis considérables afin de renforcer leurs capacités opérationnelles
notamment en améliorant la précision de leurs appui-feu au moyen de nouveaux
matériels ou encore d’accroître leur réactivité en renforçant leurs moyens de
communications et en les mettant en réseau.
Pierre Streit a rappelé
que loin d’être obsolètes, les blindés et les savoir-faire spécifiques à leur
emploi restent une composante essentielle de l’éventail des moyens dont doit
disposer une armée. Sur le plan global, loin de disparaître, ces matériels font
au contraire l’objet d’investissements importants de la part de pays aussi
variés que la Russie, la Chine, la Pologne ou encore le Japon, qui tous
cherchent à moderniser leurs parcs de tanks ou de véhicules de combats
d’infanterie. Dès lors, l’impression de réduction générale des formats des
armées est trompeuse, car elle se limite largement à l’Europe de l’Ouest, au
contraire de ce qui se passe dans d’autres régions de la planète.
Char de grenadiers à roue 93 Piranha équipant l’infanterie motorisée.
M-109, photographié dans
la gare de Morges en 2015. L’armée disposait encore d’environ 220 obusiers de
ce type en 2007. Ceux-ci ont bénéficié d’une refonte approfondie durant les
années 90, notamment par le remplacement du canon original par un canon de 47
calibres et une modernisation des systèmes informatiques embarqués. La nouvelle
version de du blindé recevant la dénomination de M-109 KAWEST.
Sources :
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