Osprey, éditeur bien connu des amateurs d’histoire
militaire, a lancé il y a quelques années une série proposant des études
comparatives de matériels spécifiques intitulée « Duel ». Le 72ème
numéro de la série couvre un sujet très contemporain, soit les combats aériens
ayant opposé F-15C américains et MiG-23ML et MiG-25PD et PDS de la force
aérienne irakienne au cours de l’opération Desert
Storm.
Malgré le fait que cette guerre ait bénéficié dès son
origine d’une très large couverture médiatique, et ait fait l’objet depuis
d’une myriade de publications, les deux auteurs proposent un regard neuf sur
ces combats aériens, et ce malgrè le format standard relativement réduit de la
série Duel, soit 80 pages réparties en chapitres standardisés. De fait, le
premier d’entre d’eux, Douglas C. Dildy, est un officier retraité de l’USAF,
ancien pilote de F-15C. Au cours de sa carrière, il a notamment commandé le 32nd Tactical Fighter Squadron. Tom
Cooper est un historien autrichien spécialiste des forces aériennes arabes et a
publié nombre d’ouvrages sur ces dernières, dont la série Arab Migs dont l’on trouvera une recension ici et une interview
portant sur cette dernière ici. Leur combinaison permet ainsi d’offrir au
lecture une perspective particulièrement équilibrée entre les deux
belligérants.
Les trois premiers chapitres (Introduction, Design and
development et Technical
specifications) de l’opus reviennent sur la naissance des concepts qui se
traduisirent par le développement de ces trois chasseurs, et notamment, du côté
américain, le changement de paradigme causé par les combats aériens de la
guerre du Vietnam, qui remit au gout du jour le concept de chasseur de supériorité
aérienne, alors que les Soviétiques continuaient, pour encore quelques années,
à privilégier la mise au point de purs intercepteurs, dont les MiG-23 et MiG-25
constituent d’excellents exemples. Le développement de ces trois modèles de
chasseurs est ensuite décrit, ainsi que leurs caractéristiques techniques. In fine, comparer leurs performances
démontre rapidement la supériorité du F-15C face à ses deux rivaux soviétiques.
Il est à cet égard frappant de constater à quel point le système d’arme du
F-15C, soit l’association entre radars, armements air-air et ordinateurs
embarqués, lui donne un avantage majeur face aux équipements embarqués par les
MiG-23ML et MiG-25PD et PDS, dont les caractéristiques étaient au demeurant
parfaitement connues des Américains, et ceci sans parler d’autres aspects comme
l’autonomie, la capacité d’emport et les performances des missiles, ou
encore la manœuvrabilité. Le radar
APG-63 du F-15C pouvait par exemple détecter une cible à 80 miles nautiques, contre
24 miles nautique pour le radar N003E du MiG-23MLD et 54 miles nautique pour le
radar Smerch-A2 embarqués par les MiG-25PDS irakiens. De surcroît, seul
l’APG-63 avait une réelle capacité de détection et de traque vers le bas.
Les chapitres Strategic
situation et the combattants contextualisent
encore plus les combats à venir et fourmillent de détails très peu évoqués ou
inédits, comme la manière dont était structuré KARI, le réseau de défence
anti-aérienne irakien, ainsi que l’identité et les bases des 15 squadrons irakiens susceptibles de mener
des missions de chasses – même si les Irakiens ne se faisaient aucune illusion
quant à l’utilité des quatre squadrons
équipés de différents modèles de MiG-21 obsolète. De même, le déploiement des
unités de l’USAF équipées de F-15C et D en Arabie Saoudite en Turquie est
également détaillé. On y découvre également nombre d’informations sur
l’entraînement suivi par les pilotes américains et irakiens, avec un cursus de
400 heures de vol de formation initiale dans le cas des seconds, avant qu’ils
ne débutent leur conversion opérationnelle. Le chapitre Combat constitue ensuite le cœur de l’ouvrage et détaille cinq
combats aériens survenus entre le 17 et le 30 janvier 1991. Outre une
explication précise de leur déroulement, on y découvre nombre de témoignages de
pilotes qui y participèrent, à l’image de celui du lieutenant Zhuhair Dawoud du
96th squadron, qui abattit un F/A-18C
aux commandes de son MiG-25PD dans la nuit du 17 janvier 1991. Le livre se
termine par deux cours chapitres, Stats
& analyses et Aftermath,
revenant notamment sur la fiabilité plus faible que prévue de missiles air-air
comme le AIM-7M, et par une brève bibliographie.
Bref, malgré sa petite taille, cet ouvrage regorge
d’information précieuses et ne peut être que fortement recommandé à tout
amateur d’histoire militaire s’intéressant aux guerres aériennes
contemporaines. Une des forces du livre est de mettre en perspective
l’importance décisive de l’obtention de la supériorité informationnelle au moyen
de complexes réseaux de veille associant stations d’écoute, de brouillage, de radars
à longue portée – et aéroportés dans le cas américains – centre de commandement
et de guidage et systèmes de communications, et ce avant même que des chasseurs
ennemis ne se rencontrent. Aussi, si le résultat des combats aériens présentés
dans le livre est sans appel avec une dizaine de chasseurs irakiens abattus
contre une seule victoire, il est difficile d’imaginer qu’une autre issue eusse
été possible compte tenu d’une supériorité américaine aussi écrasante.
Pourtant, malgré celle-ci, les auteurs révèlent que les pilotes américains ne
commirent pas l’erreur de sous-estimer leurs homologues irakiens – à juste
titre, car plusieurs de ces derniers ne manquèrent pas de démontrer leur
compétence et leur détermination au cours de ces engagements. Enfin, petit
bonus pour les fidèles lecteurs de ce blog, cet ouvrage complète et corrige l’article
sur les MiG-25 irakiens que nous avions mis en ligne il y a quelques années.
Enfin un regard neuf sur un conflit qui, quoique très médiatisé, reste encore peu connu quant aux réactions de l'aviation Irakienne face à la coalition...ayant déjà eu le plaisir de lire la plupart des ouvrages de Monsieur Cooper, j'en viens à me demander si il n'est pas unique dans son genre...
RépondreSupprimerCertains le présente comme étant pro-Arabe, il n'en est rien, il écris sans complaisance aucune dans le seul but de faire connaitre au public une version autre que celle totalement formatée qui lui est habituellement livrée...
Encore un grand bravo et Chapeau Bas...
Bonjour,
SupprimerOui, j'ai également trouvé extrêmement intéressant d'avoir une perspective croisée incluant les deux camps sur un tel sujet.
Avec mes cordiales salutations
Ceci étant je vais quand meme faire une toute petite critique, injustifiée peut être, mais critique quand meme...la collection Osprey est une collection unique et très riche quant aux thèmes abordés aussi, choisir la collection "Duel" pour un tel ouvrage obligeait les auteurs à écrire des pages sur l' historique des chasseurs engagés, ce qui, en soit, n'était pas vraiment indispensable (mais nécessaire voire imposé au vu de la particularité de la série "Duel".
SupprimerSi ils avaient fait le choix de la séries "Aces of...." ou encore "Unit of..." je pense qu'ils auraient eu plus de latitude pour traiter l'ensemble des combats aériens de la Guerre du Golf (quitte à le faire en deux tomes), vu que le nombre d'engagements pendant ce conflit était, somme toute, restreint.
Traiter le sujet sans pour autant aborder l"historique des appareils aurait été, selon moi, un choix plus judicieux.
Bonjour,
SupprimerOui, vous avez raison, c'est le gros point faible de la série Duel; si l'on est déjà familiers des systèmes d'arme utilisés ainsi que des forces armées opposées, les chapitres y relatifs deviennent redondants.
Dans le cas de ce volume, le problème ne s'est pas posé pour moi, dans la mesure où je connais très mal le F-15C et le cursus de formation des pilotes de l'USAF. De plus, nombre de détails sur les MiG-23ML et les MiG-25PD m'était également inconnus : je savais leur avionique très inférieure, mais ... pas à ce point, en tout cas pour le radar du MiG-23ML.
Bonjour,
RépondreSupprimerLe fait est que, en ce qui concerne les matériels Russes, à part les livres "Grand Public" ici et la, personne ne savait réellement de quoi il en retournait et nous avions donc tendance à surestimer tel ou tel système d'arme, aujourd'hui c'est le Su-30 qui est considéré comme étant "Le" Chasseur, je suis persuadé que dans quelques années on se rendra compte qu'il est en fait l'équivalent des derniers F-15 (et encore...) je ne dis pas ca pour dénigrer leur appareils, loin de moi cette idée, mais leur "philosophie" en la matière est de concevoir un système qui pourra être "maintenu" à l'état prêt par du personnel qui n'aura pas forcément suivi une formation poussée.
L'impératif étant de réduire les coût de formation et celui de la maintenance préventive et curative.
Du coup il est "normal" d'avoir à l'arrivée un produit sensiblement en deçà des normes dites "Occidentales".
C'est une façon comme une autre de voir les choses, pourquoi investir dans un système destiné à être détruit d'une façon ou d'une autre...?
Oui, c'était la philosophie inhérente à la conception des appareils de combat soviétiques, associée à leur retard chronique en matière d'avionique au sens large.
RépondreSupprimerPour la série des Su-30, je crois qu'ils peuvent grosso modo être comparés aux F-15E. Mais outre la question de l'efficacité réelle des systèmes d'arme, on peut se poser la question de leur fiabilité. A ce que j'ai compris, les Indiens auraient eu nombre de problèmes avec leurs Su-30MKI. Nous en saurons plus avec le temps qui passe j'imagine.
Tout à fait d'accord, mais je ne pense pas que ce soit la fiabilité des systèmes qui soit en cause mais plutôt les restrictions quant à leurs utilisation.
RépondreSupprimerPar exemple, continuons sur le Su-30, un des arguments de vente est sa polyvalence mais dans les faits on ne peut pas l'utiliser comme appareil de Défense Aérienne à cause de son temps de décollage sur alerte jugé trop important.
Un autre argument de vente est son hyper manœuvrabilité grâce à ses tuyères orientables alors que les manuels déconseillent fortement son utilisation à cause d'une usure prématurée des réacteurs (qui n'ont pas vraiment établi un record en matière de MTBF ou encore de durée de vie).
Il semble que les Russes continuent de considérer des moyens majeurs comme du matériel consommable.
Oui, j'ai eu les même informations sur le fait que le Su-30 n'est pas très adapté aux QRA mais j'ignorais en revanche que l'usage de la poussée vectorielle était restreinte sous peine d'user rapidement les réacteurs.
RépondreSupprimerConcernant la durée de vie réduite des réacteurs, je crois que ce n'était pas forcement (du temps de l'URSS) un choix délibéré, mais plutôt un reflet d'une faiblesse comparative de l'industrie soviétique en terme de maîtrise des techniques de métallurgie de pointe.
A tout cela, et du point de vue des clients exports, il convient d'ajouter la réputation détestable des Soviétiques, puis des Russes, en matière de "service après-vente".
Bonjour,
RépondreSupprimerAh, la, je ne suis pas tout à fait d'accord...les Russes, que ce soit du temps de l'ère Soviétique ou de nos jours, on toujours fait leurs possible pour avoir un "service après-vente" à peu près correct, bon, avec plus ou moins de succès certes, mais comme on dit personne n'est parfait.
Si on prend l'exemple des Américains qui conditionnent, dans la plupart des cas, leurs "service après-vente" à l'utilisation de logiciels dédiés à la maintenance des systèmes d'armes qu'ils vendent à leur client ici aussi il y a matière à critique (coût exorbitants pour des services "basiques").
De plus les Américains tablent sur un système d'obsolescence programmée des composants de leurs systèmes d'arme, le problème avec eux c'est que dans la plupart des cas, les composants ne sont pas conçus par la société "Mère" du système vendu mais par un tiers qui se réserve le droit d'en abandonner la production quand bon lui semble.
A la charge du client de financer les modifications inhérentes à l'intégration d'un nouveau composant sensé remplir le même rôle mais tellement différent que son intégration nécessite des travaux de Recherche et Développement.
Pour les Russes ce problème n’existe pas, d’une part parce que leur technologie n’évolue pas aussi vite qu’à l’ouest (pas d’obsolescence programmée ou très peu) et d’autre part parce que la majorité des composants fabriqués ne sont pas « COTS » mais spécifique à l’industrie de l’armement.
C’est ainsi que pour un système d’arme Américain, entre 70 et 80 % des composants seront issus de l’industrie dite « civile » et fabriqués et conçus par plusieurs société différentes…
Pour les Russes (et les Chinois) 80 à 90 % des composants sont « militarisés » et conçus et fabriqués par des sociétés issues du même consortium ayant conçu et fabriqué le système.
En fait que ce soit d'un côté ou de l'autre, tout est question de gestion des contrats, c'est au client d'imposer sa volonté lors de l'achat et de mettre des jalons pour tout ce qui touche à la livraison de la pièce de rechange et au niveau de formation à dispenser.
Salutations
Bonjour,
RépondreSupprimerPour le "SAV", je me basais sur les expériences décrites dans la série Arab MiG, et aussi celle de l'EtAF lorsque l’Éthiopie passa de l'orbite américaine à l'orbite soviétique. L'EtAF fut amèrement déçue par la nature du soutien soviétique, bien moins poussé que l'américain, notamment de par les formations de qualité très inférieur prodiguée ainsi que le refus d'aider les Éthiopiens à procéder aux "overhauls" et réparations complexes dans leur pays, ce qui aurait coûté moins cher.
Ceci dit, vos observations sur les difficultés rencontrés par des pays achetant américain sont vraiment très intéressantes. Les choses se seraient-elles donc beaucoup amélioré du côté russe depuis la fin de la Guerre froide ?
Par ailleurs, les pratiques américaines que vous décrivez contribuent -elles à expliquer les montants hallucinants annoncés par exemple lors de la conclusion de contrats avec l'Arabie Saoudite ?
D'autre part, que pensez-vous que cela puisse augurer pour les futurs acheteurs de F-35, et le système de gestion logistique centralisé et évidemment totalement contrôlé par les USA qui va avec ?
In fine, à moins de disposer de capacités industrielles locales assez poussées, les choses ne doivent pas être simples pour des forces aériennes de relativement petite taille.
Cordialement
Bonjour,
RépondreSupprimerConcernant la série « Arab MiG » dont, soit dit en passant, je ne peux dire que du bien, dans cette série donc, ce n’est pas vraiment le Service Après-Vente qui est critiqué mais bien la nature même des armements livrés aux pays Arabes.
Un autre point, les appareils arabes ou autre systèmes d’armes tels que radars et missiles avaient un taux de disponibilité relativement élevé si l’on en croît l’intensité soutenue des combats de 1967 à 1973, pour moi ce taux témoigne d’un Service Après-Vente performant.
L’idée que les Russes ont un SAV médiocre est pour moi purement « coup médiatique » destiné à les dénigrer.
Leurs SAV n’est pas parfait, mais il n’en est pas pour autant médiocre.
Concernant l’Ethiopie, franchement je ne connais pas trop le sujet cependant passer de la technologie US à la technologie Russe n’est pas évident et c’est tout aussi traumatisant dans le sens inverse, souvenez-vous des problèmes rencontrés par les Égyptiens lors de la livraison des premiers Phantom après les accords de Camp David…
« …les montants hallucinants annoncés par exemple lors de la conclusion de contrats avec l'Arabie Saoudite… »
Ce n’est pas vraiment l’exemple idéal, les pays du golfe ont pris l’habitude de payer des systèmes « clefs en main » ils en ont les moyens, ils peuvent se permettre d’acheter l’appareil, la base aérienne qui va l’accueillir et tout ce qui va avec…
Mais ne confondons pas « achat d’armement » et Service Après-Vente »
Dans le domaine du S.A.V. les Américains font payer des prix mirobolants pour de la pièce de rechange COTS.
Exemple concret, un pays X que je ne nommerai pas (et je m’en excuse) utilise un système d’arme Américain, lors d’une mauvaise manipulation, une surtension et un fusible de 20 Ampères saute…la chaleur engendrée va endommager le porte fusible…panique, l’ensemble est envoyé chez le constructeur qui remplace les deux items endommagés, coût du remplacement 20 000 dollars US…heureusement que ce n’est pas une carte électronique qui a pris le coup….
Après coup, le pays X fait une prospection sur son marché national, il trouve une société spécialisée dans l’électricité de bâtiment qui propose le même item pour l’équivalent de 1 euro et des poussières…et encore le prix est dévalué en fonction de la quantité demandée….
Les spécialistes de la société Américaine on vent de l’histoire et vont faire valoir un article du contrat stipulant que le client n’est pas autorisé à opérer de modifications sur le matériel pendant la période de garantie (garantie qui ne couvre pas, bien évidemment, les « mauvaises manipulations »).
Résultat, 2 ans de garantie = 20 000 dollars à chaque support de fusible détérioré…
De leur côté les Russes répugnent à faire dans le transfert de Technologie…
Un pays Y que je ne nommerai pas (et je m’en excuse) utilise un système d’arme Russe qui date des années 60 et décide de le moderniser…appel d’offre lancé auprès des pays de l’ex Union Soviétique ayant une expérience en la matière…
La modernisation consiste en fait à changer 100 % des composants électroniques et ne garder que le shelter du matériel et encore, à condition qu’il soit encore viable…
Le pays Y désire acquérir la technologie du « nouveau » système, le pays soumissionnaire s’y refuse catégoriquement…
Tout ça pour dire que dans tous les cas le client est perdant, aujourd’hui, force est de constater que pour les pays importateurs d’armements, payer pour acheter revient moins cher que les couts de Recherche et Développement afférents au développement d’une industrie locale de l’armement et ce même sur le long terme.
L’Iran, l’Inde et le Pakistan pourraient constituer l’exception qui confirme la règle mais un rapide état des lieux nous montre que, hormis des modifications apportées à des systèmes Chinois ou Russes, ils continuent d’acheter leurs moyens majeurs sans réellement chercher à en développer de nouveaux.
Cordialement…
Bonjour,
SupprimerPour le "service après-vente", et dans le cas éthiopien, le mécontentement était dû à plusieurs facteurs :
- Refus des Soviétiques d'initier les pilotes à l'usage de l'ensemble des fonctionnalités du système d'arme du MiG-23BN
- Refus de livrer la documentation idoine en Anglais (Les Libyens ont eu le même problème)
- Incapacité de savoir quant les pièces de rechange commandées seraient livrées.
- Refus de laisser les Éthiopiens d'effectuer les réparations sur place. De plus, dans le cas d'une panne moteur, ce n'était pas le composant spécifique à l'origine du problème qui était remplacé, mais l'ensemble du bloc devait être renvoyé en URSS.
Résultat, si le nombre d'appareils livrés était impressionnant, un partie importante du parc servait de "fonds de roulement" afin de garder les capacités opérationnelles des escadrons constantes.
Pour le cas des forces aériennes arabes durant les années 60-70, OK, mais il convient de garder à l'esprit que l’Égypte avait des capacités industrielles significatives. Cependant, j'avoue que l'exemple, beaucoup plus récent, des MiG-29SMT algériens me pousse à un certain scepticisme quant à la qualité de service fournie par les Russes.
Cependant, et comme vous le soulignez, ce n'est de loin pas forcément mieux chez les Américains (et merci pour vos exemples très concrets - et passionnants à lire). J'avais crû comprendre que les prix à l'achat étaient certes souvent inférieurs par exemple à des matériels français ou européens, mais que tout cela pouvait se payer au prix fort durant la carrière opérationnelle de l'avion.
Dans le cas de l'Arabie saoudite, peut-être aussi que ces contrats massifs incluent des transferts de technologie et de compétence ?
Pour l'Inde, l'Iran et le Pakistan, je pense qu'il faut faire la distinction entre un niveau industriel permettant de soutenir localement les flottes aériennes nationales, et d'un autre niveau où elles se montreraient capables de développer un avion de combat. Je pense que si le deuxième niveau doit rarement faire sens en termes économiques, il peut y avoir une certaine valeur ajoutée, en politique de défense nationale, à atteindre le premier niveau. C'est ce que les Éthiopiens ont par exemple fini par faire en développant DAVEC, qui leur permet d'effectuer les overhauls de MiG-23BN et de Su-27 sur place.
In fine, je crois que nous arrivons à une conclusion assez similaire...malheur aux petites forces aériennes qui restent pieds et poings liés face à leurs fournisseurs.
Cordialement
Adrien
Salut to everybody,
RépondreSupprimergentlemen, I hope, you are not going to mind if I ‘interrupt’ here with few observations in English: I am very sorry, but I never learned French and my command of that language is barely sufficient to read various (usually: highly interesting) articles offered in French-language press.
I would foremost like to express my special thanks for all the kind commentary – to Adrien and to Paul. For me, it remains nothing short of amazing how much acceptance, acknowledgement, recognition, and praise are publications by my co-authors and mine – whether books or articles – finding in French-language area.
I have never experienced such a ‘welcome’ anywhere else. Please be sure, this is deeply appreciated.
Provided nobody minds, let me add an observation to different topics mentioned above.
One of reasons why Doug (and then me) decided to go for a book in ‘duel’ series is that the same publisher turned down all offers for titles like ‘Iraqi Mirage F.1 Units in Combat’ or ‘Iraqi MiG-25 Units in Combat’.
Reason might surprise some, but is actually simple and logical. Like every commercial enterprise, publishers orient on estimates how well are their products going to sell. Osprey’s conclusion is that such projects would not attract public attention necessary to finance them, and we have to accept this.
That said, latter this year Helion is going to publish a volume that might be similar in style of coverate it is going to offer: ‘Hawker Hunters at War: Iraq and Jordan, 1957-1967’; http://www.amazon.com/Hawker-Hunters-At-War-1958-1967/dp/1911096257?ie=UTF8&*Version*=1&*entries*=0.
So, please keep your fingers crossed: should that one prove successful , more is going to follow (and then, hopefully, about some of French-built types too!).
Once again, special thanks to everybody, and please accept my
Best wishes!
Tom Cooper
Thank you very much for the visit here Tom ! and no problem for using English of course.
SupprimerIt's really a pleasure to have you visit the place, and no problem for english too...
SupprimerBonjour,
SupprimerLe cas Ethiopien est intéressant à plus d’un titre, je ne connais pas très bien le sujet mais je distingue deux périodes, la première qui se situe après « l’étape Américaine » les Russes arrivent sur la pointe des pieds, défiance envers le personnel Ethiopien et peut être aussi certaines arrières pensées des Russes, arrières pensées du genre « nous allons surement utiliser vos équipements un jour ou l’autre… »
La deuxième étape semble plus florissante et au vu de l’état des Forces Aériennes Ethiopiennes sur le papier, je ne pense pas qu’il y ait encore matière à se plaindre des Russes.
Ceci étant, ne connaissant pas « DAVEC », je vous serai gré de m’éclairer sur la question.
Passons aux Forces Aériennes Arabes, que ce soit dans l’excellente série Arab MiG ou dans d’autres ouvrages traitant de la question, je constate que le taux de disponibilité des appareils Arabes était élevé, de plus si par la suite les Egyptiens ont su développer certaines « capacités industrielles significatives » vous conviendrez avec moi que ce n’était ni grâce à l’Europe ne grâce aux Etats Unis.
Concernant l’affaire des SMT, franchement je ne peux que me borner à donner une opinion très personnelle, à mon avis c’est un mélange de mauvaise gestion des termes du contrat de la part des Algériens et une bonne dose de mauvaise foi de la part des Russes…
L’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe (A part les Emirats Arabes Unis qui ne cessent de m’épater en la matière) sont des cas spécifiques, ils ont l’argent, ils achètent ce qu’ils veulent comme ils le veulent, comme je l’ai déjà dit ce sont les champions du « clef en main », mais je ne pense pas qu’ils soient intéressés par un quelconque transfert de technologie et de compétence.
Pour l'Inde, l'Iran et le Pakistan, ces pays ne répondent pas aux mêmes motivations quant à leur volonté de développer leur tissus industriel militaire, pour l’Iran, c’était une nécessité dictée par l’embargo, pour l’Inde et le Pakistan leur désirs d’accéder à ces technologies est motivés par des idéaux d’ordre national et, il faut le souligner, cela fonctionne bien dans certains domaines.
In fine, oui je crois que nous arrivons à une conclusion assez similaire...
Salutations.
P.S. C"est sympa de la part de Monsieur Cooper de venir nous "voir" je suis impressionné...
Bonjour,
SupprimerDans le cas éthiopien, les Soviétiques sont intervenus massivement durant la guerre de l'Ogaden, notamment en mettant en place un pont aérien massif pour livrer d'énormes quantités d'armements en tous genres. Les forces armées éthiopiennes durent ainsi intégrer presque "du jour au lendemain" ces nouveaux équipements, avec l'aide de nombre de conseillers cubains, soviétiques, yéménites, est-allemands etc...etc...
Sinon, la création de DAVEC (Dejen Aviation Maintenance and Engineering Complex) date du milieu des années 80, dans le but de permettre à la force aérienne de conduire l'ensemble de ses opérations de maintenance, y compris les "Overhauls", dans le pays, du fait des problèmes évoqués dans nos précédents messages. Ceci a été fait sans l'aide soviétique.Pour plus d'infos sur ce complexe :
http://www.metec.gov.et/index.php/en/metec-industries/degen-aviation-industry
Sinon, dans le cas égyptien, l'industrie aéronautique locale a été mise en place progressivement à partir de 1949 avec une assistance tchécoslovaque, et déboucha sur la production des Bü 181 d'écolage, ainsi que par la suite, la capacité de procéder aux "overhauls" des MiG livrés par ce même pays, puis l'URSS. A la fin des années 50 intervient la collaboration avec des ingénieurs allemands et l'Espagne, qui aboutit à la production locale du HA-200. En revanche, je n'ai pas trouvé de mention quant à une aide soviétique durant cette phase de mise en place et de maturation de l'industrie locale.
Pour les récents contrats saoudiens, il me semble qu'une partie des Typhon doivent être assemblés sur place en tout cas. Ceci dit, je suis de votre avis quant aux EAU, la manière dont ils ont fait développer leur propre version du F-16 (bien plus perfectionnée que les Block 50 si j'ai bien compris) est impressionnante.
Effectivement, l'Iran n'a en l'état pas d'autres choix que de disposer de sa propre industrie pour garder sa flotte de chasseurs opérationnels. Dans les cas pakistanais et indiens, que je trouve cependant que celà fait sens - outre le prestige national - de développer petit-à-petit une capacité nationale, même si dans le cas indien, les problèmes sont récurrents. Mon impression est qu'à partir d'une certaine taille critique de la force aérienne, une telle industrie nationale doit même être rentable.
Cordialement
Adrien
Bonjour,
SupprimerMerci beaucoup pour vos précisions concernant « DAVEC » c’est une donc une branche d’un consortium relativement important de plus ils proposent leurs service à l’étranger, c’est impressionnant.
Je serai curieux de savoir quelle était à l’origine la base de ce consortium… ils ont bien du commencer avec un partenaire et les Russes doivent surement y participer ne serait-ce que pour la branche des avions et des hélicoptères de combat, il faut bien qu’ils aillent chercher la pièce de rechange quelque part, celle destinée à l’entretien et celle destinée aux travaux de rénovation sont des items de deux nature différente.
Notez bien que depuis l’éclatement de l’URSS les pays satellites doivent maintenant s’en donner à cœur joie pour ce qui est de liquider leurs stocks de PDR russe.
L’Ukraine et la Biélorussie pour ne citer qu’eux….
Concernant « …l'industrie aéronautique locale a été mise en place progressivement à partir de 1949 avec une assistance tchécoslovaque… » C’était plus ou moins de la poudre aux yeux, même à l’époque tout le monde savait que l’opération était commandée par Moscou.
Pour l’aide Soviétique, il n’y a pas d’eu d’ « …aide soviétique durant cette phase de mise en place et de maturation de l'industrie locale… », à proprement parlé, en fait cela c’est fait progressivement et au fur et à mesure que l’ex-URSS déclassait certain type d’équipements et se débarrassait de ses surplus dans les pays du Moyen Orient avec toute la PDR et les outils y afférents.
Les Typhons assemblés sur place en Arabie Saoudite, franchement, je ne pense pas qu’il faille acquérir un savoir-faire immense pour assembler un appareil localement.
Ne pensez pas que je dénigre les capacités Saoudiennes, loin de moi cette idée, mais je ne pense pas qu’ils soient intéressés par une réelle industrie de l’armement, ils se rendent parfaitement compte que ce qu’ils achètent au prix fort est très vite périmé (il n’y a qu’à voir ce qu’il reste de leur Tornado ADV), de plus, mettre sur pied une industrie sans posséder la technologie qui va avec leur coûtera encore plus chère que de l’acheter.
Le cas des Emirats Arabe Unis est beaucoup plus intéressant, le F-16 sur mesure, le Pantsyr et bien d’autres peut être, les émirats semblent passés maitres dans l’art du co-développement, aujourd’hui ils recrutent même des spécialistes étrangers ;
Alors, comme disent nos amis anglo-saxon wait and see.
Pour le Pakistan et l’Inde, ils savent comme tout le monde que pour amortir les frais de recherche et développement relatifs à la conception d’un système national quel qu’il soit (pas seulement les appareils de combat) il faudra d’abord s’assurer que le système pourra être vendu à l’étranger et là, rien n’est moins sûr.
L’Inde pour ne parler que d’elle est sur le marché de la modernisation de systèmes anti-aérien Russe depuis maintenant une dizaine d’années sans succès.
Salutations.
Bonjour,
SupprimerPour DAVEC, la mise en place a été effectuée sans aide soviétique, mais ils dépendaient - et doivent toujours - dépendre d'achats de pièces de rechange, même si la situation s'est complexifiée avec la fin de l'URSS.
Pour l’Égypte, je pense qu'il y a différence entre un soutien industriel tchécoslovaque ou soviétique, même si les premiers étaient clairement des proxy pour débuter une coopération avec Le Caire. Fussent-ils tous deux communistes et Prague inféodé à Moscou, le passé industriel des deux pays différait alors considérablement, mais au final, lets agree to disagree.
Ceci dit, il est indéniable que l'URSS a aussi aidé d'autres pays à mettre en place une industrie d'armement autonome, en tout cas dans le cas chinois et jusqu'à la fin des années cinquante. Il y a aussi l'exemple de fournitures d'usines clés en main pour la fourniture d'AKM, et dont l’Égypte bénéficia.
Cordialement
Bonjour
RépondreSupprimerNous sommes d'accord, la morale de l'histoire est, que ce soit les Russes, les Américains ou autres, il n'y a que de "mauvais clients" et des vendeurs qui profitent de la situation...
Les seules situations où chacun y voit son compte sont les rares cas ou le rapport fournisseur / client se fait sur la base d'un co-développement, quelque chose du genre, dites-moi ce que vous voulez, nous le ferons...avec votre argent...
Salutations
Bonjour,
RépondreSupprimerOui, tout-à-fait, et le cas Emirati est exemplaire à cet égard, où comme vous l'évoquiez, le cas irakien avec l'achat de Mirage F-1 sur mesure.
Cordialement
Bonjour
RépondreSupprimerLe "cas Emirati" est, à ma connaissance un cas unique en la matière.
Mais voyons un peu ce qu’il en est dans ce domaine…
Les besoins Irakiens reposaient sur la nécessité de disposer d'un appareil ayant une capacité air-mer en attendant les Super Etendards, les modifications apportées aux Mirage F.1 dans sa version EQ-6 en ont fait un appareil réellement multi-rôle et, selon moi, supérieurs aux Mirage F.1 CT qui a été pourtant développé ultérieurement.
Concernant les Mirage Irakiens je ne peux que vous conseiller le Livre de Monsieur Cooper « Iran-Iraq War In The Air 1980-1988 » une véritable bible en la matière. Un article, en français, concernant ces appareils a été publié (en deux parties) dans la revue « Le Fanatique de l’Aviation » mais franchement rien ne remplace ce livre, une véritable mine d’information.
Sous d’autres cieux, les appareils Su-30 MKI livrés à l’Inde, l’Algérie et la Malaisie sont aussi du sur-mesure, l’idée même de la tuyère orientable sur le Sukhoi 30 MK étant à l’origine une idée Indienne.
(J’en profite pour préciser, voir corriger un de mes précédents « post » en fait l’usure prématurée du réacteur lors de l’utilisation de la poussée vectorielle concerne surtout la structure de la tuyère en elle-même et non pas le réacteur en tant que tel, donc toutes mes excuses)
Dans les deux exemples cités précédemment, les matériels étaient très ciblés et les travaux de recherche et développement ont été effectués avec l’argent de l’acheteur mais, sans pour autant le faire participer technologiquement.
Dans le cas des Emirats les matériels ne sont pas ciblés, cela va du Mirage 2000-9 au derniers F-16 mais cela concerne aussi le développement de drones de combat et de radars de défense aérienne qui sont aujourd’hui proposés à l’exportation et, dans ces projets, les personnels Emiratis sont particulièrement bien impliqués.
Salutations.
Bonjour,
RépondreSupprimerOui, tout-à-fait d'accord avec vous, "Iran-Iraq War in the Air" est un must have, et sinon, merci pour vos précisions sur les Su-30MKI.
Par ailleurs, et hormis les informations usuelles sur les F-16 Block 60, j'avoue en connaître très peu sur la politique des EAU, j'ignorais ainsi que leur Pantsyr étaient une version sur mesure, mais en y réfléchissant, il est vrai qu'ils avaient déjà exigés que leurs Leclerc aient une motorisation différente de celle des modèles français. A votre avis, utilisent-ils aussi leurs achats pour développer leur propre industrie de défense, un peu à l'image de Singapour ?
Cordialement
Bonjour
RépondreSupprimerOui...et même dans certain cas ils frisent le copier / coller, comme lors d’un récent cas de drone léger développé en Autriche et proposé à l'exportation par les Emirats...
Concernant le Pantsyr, à l'origine le produit qui leur était proposé était le Tunguska, puis à force de demander des modifications ici et là les ingénieurs Russes ont développé le Pantsyr...je ne dis pas que le Pantsyr est une création originale des Emirats bien sûr, mais les spécifications apportées on très largement influencé sa conception.
Pour en savoir plus sur leurs "projets" je vous invite à consulter ici et là les salons qui se tiennent à Dubai, c'est un peu leur vitrine...
Salutations