Affirmer que l’Asie compte de plus en plus dans le monde contemporain est
un truisme qu’il semble inutile de souligner. De même, il apparaîtrait que
l’émergence, ou la réémergence, de
puissances comme la Chine, l’Inde ou le Japon dans un monde globalisé suscite
forcément un intérêt plus grand quant à
leur histoire. De plus, globalisation oblige, les productions culturelles de
pays comme le Japon, la Corée du Sud ou encore la Chine rencontrent un public
de plus en plus important en Occident, et nombre de celles-ci véhiculent des
référents historiques propres à ces pays.
Hors, force est de constater que la guerre du Pacifique occupe une place
importante parmi ceux-ci. Dans ce contexte, il convient de saluer la récente
publication par les éditions Tallandier d’un volume conséquent consacré
précisément à cette guerre, signé par Nicolas Bernard. En effet, et comme le
signale cet opus, ce conflit armé a eu des conséquences cataclysmiques dans
cette région du monde, avec de 14 à 20 millions de morts uniquement pour la
Chine, ou encore de 3 à 4 millions de morts pour les Indes néerlandaises. Ses
conséquences seront également majeures, avec la vague des indépendances qui
s’en est suivie, la conclusion du processus de réunification de la Chine sous
la férule du Parti Communiste Chinois, ou encore la consécration d’une
prééminence régionale durable des Etats-Unis d’Amérique.
Déjà auteur d’un très remarqué La guerre germano-soviétique 1941-1945, que nous avions eu
l’occasion de recenser, Nicolas Bernard propose donc une histoire
d’ensemble de ce conflit. L’ouvrage est copieux, avec 804 pages et se base – ce
qui devient une marque de fabrique de l’auteur – sur une bibliographie très riche
avec environ un millier de références. Ces dernières sont récentes et intègrent
la plupart des ouvrages incontournables sur le sujet parus au cours des
dernières décennies. On citera par exemple Drea et Peattie pour aborder l’armée
et la marine impériale japonaise, ou encore Harmsen sur
la bataille de Shanghai. Il s’agit là d’un point fort essentiel de cet opus car, à notre connaissance, le
dernier livre comparable en français était une traduction de deux volumes de
John Costello publiés pour la première fois en 1982. Hors, l’historiographie du
conflit a évidemment beaucoup évolué depuis. In fine, Nicolas Bernard comble donc un vide majeur.
Nous avons par ailleurs particulièrement apprécié – contrairement à ce
que le titre de l’ouvrage laisse penser - que l’auteur débute sa narration du
conflit en 1937 avec l’éclatement de « l’incident de Chine », et que
l’importance de ce théâtre y soit reconnue. En effet, si la guerre du Pacifique
est une oubliée du second conflit mondial, la guerre sino-japonaise est bel et
bien complètement escamotée, pour de bonnes (absence de sources autre
que chinoises et japonaises) et de mauvaises raisons (occidento-centrisme dans les
publications en lien avec l’histoire militaire, principalement pour des motifs
économiques).
Au final, avec La guerre du Pacifique :
1941-1945, Nicolas Bernard transforme l’essai en signant un second ouvrage tout
aussi indispensable que le premier.
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