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samedi 12 novembre 2016

Un peu de lecture XVI : Nicolas Bernard, La guerre du Pacifique : 1941-1945


Affirmer que l’Asie compte de plus en plus dans le monde contemporain est un truisme qu’il semble inutile de souligner. De même, il apparaîtrait que l’émergence, ou la réémergence,  de puissances comme la Chine, l’Inde ou le Japon dans un monde globalisé suscite forcément  un intérêt plus grand quant à leur histoire. De plus, globalisation oblige, les productions culturelles de pays comme le Japon, la Corée du Sud ou encore la Chine rencontrent un public de plus en plus important en Occident, et nombre de celles-ci véhiculent des référents historiques propres à ces pays.  



Hors, force est de constater que la guerre du Pacifique occupe une place importante parmi ceux-ci. Dans ce contexte, il convient de saluer la récente publication par les éditions Tallandier d’un volume conséquent consacré précisément à cette guerre, signé par Nicolas Bernard. En effet, et comme le signale cet opus, ce conflit armé a eu des conséquences cataclysmiques dans cette région du monde, avec de 14 à 20 millions de morts uniquement pour la Chine, ou encore de 3 à 4 millions de morts pour les Indes néerlandaises. Ses conséquences seront également majeures, avec la vague des indépendances qui s’en est suivie, la conclusion du processus de réunification de la Chine sous la férule du Parti Communiste Chinois, ou encore la consécration d’une prééminence régionale durable des Etats-Unis d’Amérique.


Déjà auteur d’un très remarqué La guerre germano-soviétique 1941-1945, que nous avions eu l’occasion de recenser, Nicolas Bernard propose donc une histoire d’ensemble de ce conflit. L’ouvrage est copieux, avec 804 pages et se base – ce qui devient une marque de fabrique de l’auteur – sur une bibliographie très riche avec environ un millier de références. Ces dernières sont récentes et intègrent la plupart des ouvrages incontournables sur le sujet parus au cours des dernières décennies. On citera par exemple Drea et Peattie pour aborder l’armée et la marine impériale japonaise, ou encore Harmsen sur la bataille de Shanghai. Il s’agit là d’un point fort essentiel de cet opus car, à notre connaissance, le dernier livre comparable en français était une traduction de deux volumes de John Costello publiés pour la première fois en 1982. Hors, l’historiographie du conflit a évidemment beaucoup évolué depuis. In fine, Nicolas Bernard comble donc un vide majeur.


Nous avons par ailleurs particulièrement apprécié – contrairement à ce que le titre de l’ouvrage laisse penser - que l’auteur débute sa narration du conflit en 1937 avec l’éclatement de « l’incident de Chine », et que l’importance de ce théâtre y soit reconnue. En effet, si la guerre du Pacifique est une oubliée du second conflit mondial, la guerre sino-japonaise est bel et bien complètement escamotée, pour de bonnes (absence de sources autre que chinoises et japonaises) et de mauvaises raisons (occidento-centrisme dans les publications en lien avec l’histoire militaire, principalement pour des motifs économiques). 


Au final, avec La guerre du Pacifique : 1941-1945, Nicolas Bernard transforme l’essai en signant un second ouvrage tout aussi indispensable que le premier.

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